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Santé

Une étude révèle qu'un médicament sur cinq distribué en Afrique pourrait être défectueux ou contrefait

Des boîtes de médicament dans une pharmacie à Paris, le 19 octobre 2022. (Photo d'illustration)

Des boîtes de médicament dans une pharmacie à Paris, le 19 octobre 2022. (Photo d'illustration) - Christophe ARCHAMBAULT / AFP

Selon une vingtaine d'études publiées ces dix dernières années et compilées par des chercheurs éthiopiens, environ 1.600 échantillons de médicaments sur 7.500 ne satisfaisaient pas à au moins un test de qualité.

Des médicaments de mauvaise qualité aux conséquences pouvant se révéler dramatiques. Selon une étude publiée le mois dernier dans la revue Journal of Pharmaceutical Policy and Practice et relayée par le quotidien britannique The Guardian, un médicament sur cinq distribué en Afrique pourrait être non conforme ou même contrefait.

Pour parvenir à ce chiffre, des chercheurs des universités éthiopiennes de Baher Dar et de Gondar ont passé en revue 27 études publiées entre avril 2014 et mars 2024. Résultat: sur les quelque 7.500 échantillons analysés, plus de 1.600 ne passaient pas l'un des tests de qualité effectués et se sont révélés non conformes ou contrefaits.

Une étude de l'OMS, datant de 2017, avait pour sa part abouti à l'estimation qu'un médicament sur dix distribué dans les pays en développement appartenait à l'une de ces deux catégories.

Des centaines de milliers de morts par an

"Si les patients sont soignés avec ce type de médicaments, cela peut provoquer l'échec du traitement ou des décès pouvant être évités", souligne auprès du Guardian Claudia Martínez, directrice de recherche à la Fondation pour l'accès à la médecine, une ONG basée aux Pays-Bas.

Dans les cas des antibiotiques, ceux ne répondant pas aux standards de qualité peuvent par exemple contenir les mauvais principes actifs ou avoir un dosage incorrect. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) indique que de tels produits ont pour effet probable de contribuer à une hausse de la résistance aux antimicrobiens.

Selon des estimations publiées en 2023 par l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime, les médicaments contrefaits et de mauvaise qualité entraînent la mort de jusqu'à 500.000 personnes en Afrique subsaharienne chaque année.

Le Malawi, pays le plus touché

D'après un porte-parole de l'OMS cité par le Guardian, les antibiotiques ainsi que les traitements contre le paludisme sont les deux types de médicaments les plus communément contrefaits en Afrique tandis que le Malawi est, selon l'étude des chercheurs éthiopiens, le pays du continent où la proportion de médicaments contrefaits ou de mauvaise qualité est la plus élevée.

Pour expliquer pourquoi les patients africains sont particulièrement exposés à ce problème, Claudia Martínez avance plusieurs raisons, à commencer par la "complexité" et "l'inefficacité" des chaînes d'approvisionnement pour les médicaments dans les pays les moins riches.

"Beaucoup de pays éprouvent de grandes difficultés à se procurer les médicaments à temps et à contrôler la qualité des produits se retrouvant sur le marché", ajoute-t-elle.

Outre le renforcement des chaînes d'approvisionnement sur tout le continent, Claudia Martínez estime que les compagnies pharmaceutiques ont aussi un grand rôle à jouer par un signalement plus rapide des médicaments nocifs auprès des autorités sanitaires nationales et de l'OMS.

Vincent Gautier