Une étude lie obésité et cancers

Trois personnes atteintes d'obésité - Image Flickr
L'obésité est une maladie aux multiples conséquences puisqu'elle entraîne des troubles de la santé comme le diabète de type 2, l'hypertension artérielle, les atteintes cardiovasculaires ou encore des maladies articulaires. De plus en plus d'études montrent également que l'obésité est aussi associée à un risque accru de certains cancers, et celle menée par des chercheurs de l'Imperial College London le prouve une nouvelle fois.
Après avoir analysé plus des milliers études sur l'obésité et le cancer, ils ont conclu qu'il existe bel et bien un lien significatif entre l'indice de masse corporelle (IMC) et certains d'entre eux. Plus précisément, ils affirment qu'il existe des preuves solides de l'association entre l'obésité et 11 des 36 cancers étudiés, principalement des organes digestifs et des tumeurs malignes liées aux hormones.
Il était important pour eux de confirmer ce lien afin de pouvoir identifier les personnes à risque car la prévalence de l'obésité a plus que doublé au niveau mondial selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). "La force des associations entre l'obésité et le cancer peut permettre une sélection plus fine des personnes à haut risque, qui pourraient être sélectionnés pour des stratégies personnalisées de prévention primaire et secondaire", explique le Dr Maria Kyrgiou, co-auteur de l'étude.
Le risque augmente tous les 5 points d'IMC
Sur les 200 méta-analyses qu'ils ont passé en revue, les chercheurs ne se sont intéressés qu'à celles qui présentaient des résultats statistiques fortement significatifs et ne souffrant d'aucun biais (95 en tout). De fortes associations ont été trouvées dans des études qui ont examiné le lien entre l'indice de masse corporelle et le cancer de l'oesophage, de la moelle osseuse, colorectal (chez l'homme), du rectum (chez l'homme), du système des voies biliaires, du pancréas, de l'endomètre (chez les femmes préménopausées) et du rein.
Le risque de développer un cancer pour chaque augmentation de cinq points de l'IMC variait de 9% pour le cancer colorectal à 56% pour le cancer du système des voies biliaires. De même, le risque de cancer du sein après la ménopause chez les femmes qui n'ont jamais utilisé de traitement hormonal substitutif (THS) a augmenté de 11% tous les 5kg de gain de poids. Le risque de cancer de l'endomètre était quant à lui plus important de 21% pour chaque augmentation du ratio taille/hanche de 0,1.
Sans préciser les chiffres, les chercheurs évoquent d'autres associations. Il s'agissait notamment du lien entre un gain de poids et le risque de cancer colorectal, entre une augmentation de l'IMC et du risque de cancer de la vésicule biliaire, de cancer du cardia (jonction œso-gastrique), du cancer de l'ovaire et du risque de mortalité par myélome multiple (maladie de la moelle osseuse).
La sérieuse mise en garde de l'OMS
"Il est maintenant clair que la prévention de l'excès de poids peut réduire le risque de développer certaines formes de cancer. Avec cette information, il est crucial que les systèmes de santé intensifient les efforts visant à réduire la charge de cancer liée à l'obésité", conclut le Dr Kostas Tsilidis , co-auteur de l'étude. La dernière étude de référence qui révélait, et chiffrait même, ce lien de cause à effet avait été publiée en 2014 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), l'agence spécialisée sur le cancer de l'OMS.
Celui-ci affirmait que près d'un demi‐million de nouveaux cas de cancer par an (481 000) peuvent être attribués à un IMC élevé. Selon les auteurs de l'étude, les cancers de l'endomètre, du côlon et du sein représentent près des trois quarts (73%) de tous les cancers liés à un IMC élevé chez les femmes, tandis que chez les hommes, les cancers du rein et du côlon représentent à eux deux les deux tiers (66%) de tous les cancers associés à un IMC élevé.
L'étude montre également qu’un quart de tous les cancers imputables au surpoids et à l’obésité dans le monde (118 000 cas) aurait pu être évités si les populations avaient simplement maintenu l’IMC moyen qu’elles avaient il y a 30 ans. Or, ce problème majeur de santé publique risque d'augmenter à l'échelle mondiale en raison du développement économique.
Les comportements alimentaires à risque
"Cette étude souligne l'importance de mettre en place des mesures efficaces de contrôle pondéral, pour limiter le nombre élevé de cancers associés à l'excès de poids et ainsi éviter que les problèmes rencontrés par les pays riches se retrouvent dans les pays en cours de développement ", concluent les auteurs.
En France, l'Inserm* indique que pour l’année 2000, le surpoids et l’obésité auraient été responsables d’environ 2300 décès par cancer. Sans compter que certains aliments consommés en excès augmentent à eux seuls ce risque, comme la viande rouge et la charcuterie (cancer du côlon et du rectum), les aliments trop salés (cancer de l'estomac) et les boissons alcoolisées (cancer de la bouche, de l’œsophage, du côlon-rectum).
*Institut national de la santé et de la recherche médicale