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Une étude estime que près de 50.000 morts ont été évitées en 2021 en France grâce à la vaccination

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Les chercheurs de l'Université de Montpellier, secondés par les réanimateurs des CHU de Nîmes et Caen, viennent d'achever des travaux cruciaux pour mesurer l'effet de la vaccination en France. La campagne aurait permis d'éviter 47.400 morts liées au virus entre le 1er janvier et le 20 août 2021. Il ne s'agit cependant que d'estimations, soulignent les chercheurs ce lundi.

La rigueur scientifique, et la limite de leurs travaux à ce stade, les obligent eux-mêmes à inviter à la prudence. Tout de même, les estimations contenues dans l'étude conduite par les chercheurs de l'Université de Montpellier et les réanimateurs des CHU de Nîmes et de Caen donnent un panorama particulièrement impressionnant de l'efficacité de la vaccination sur le bilan humain de l'épidémie en France.

Selon cette étude prépubliée samedi par l'application numérique du Center For Open Science, une organisation américaine à but non-lucratif, la campagne a permis d'éviter 47.400 morts à l'hôpital entre le 1er janvier dernier et le 20 août ainsi que 39.100 admissions en soins critiques. Soit 46% d'admissions en soins critiques et 57% de décès en moins. 

Les courbes présentées par l'étude.
Les courbes présentées par l'étude. © BFMTV

Ordre de grandeur

Ces chiffres et statistiques ne sont pas significatifs en eux-mêmes cependant. Ou plutôt, il convient de les interpréter avec précaution. Il faut ainsi y voir qu'un "ordre de grandeur" selon l'épidémiologiste Mirceau Sofonea, qui est l'un des auteurs de l'enquête, joint par BFMTV ce lundi après-midi. L'étude précise d'ailleurs que le chiffre de 47.400 morts est en réalité la valeur médiane des différents scénarios analysés par les chercheurs, le plus pessimiste affirmant que 36.000 vies ont été sauvées par la vaccination, le plus optimiste 62.000.

Il en reste que les enseignements de cette étude sont nombreux. Pour mieux les suivre, il faut d'abord examiner la forme adoptée par ces résultats et la méthodologie qui leur a donné le jour.

La différence se fait sentir en avril

Les travaux des chercheurs héraultais et des praticiens gardois et normands comparent en fait deux courbes. L'une, tristement réelle, reprend les données des morts emportés par le virus entre les 1er janvier et 20 août 2021. L'autre est une projection de ce qu'aurait pu être la dynamique des victimes du virus et des cas sévères sans vaccination.

Pour élaborer cette dernière - aussi étayée que fictive - les chercheurs ont retenu la proportion des morts du Covid-19 déplorées dans une soixantaine de pays, tout en considérant leur couverture vaccinale respective. Il en ressort que c'est à compter du mois d'avril que les lignes du diagramme divergent, au moment où la vaccination a fait sentir ses premiers effets dans l'Hexagone.

"Au mois d'avril on en était à 20% de couverture vaccinale - première dose - c'est ce qui nous permet d'observer un décalage entre le nombre de cas dans la population générale puis ce qu'il se passe ensuite à l'hôpital", a développé Mircea Sofonea.

L'étude rapporte encore qu'à la racine de ce bénéfice sanitaire on trouve l'efficacité des vaccins à l'égard des cas les plus sévères: la campagne aurait permis d'éviter la forme grave dans 88% des situations. Enfin, toujours selon ces estimations, les administrations de doses pourraient contribuer à sauver 78.000 vies environ sur l'ensemble de l'année 2021.

Limites

Quelles sont donc les limites contraignant à la modération devant ces travaux? En-dehors de la marge d'erreur déjà mentionnée, on remarque que cette étude n'est encore que "pré-publiée", c'est-à-dire qu'il lui reste encore à être "revue par ses pairs", et donc demeure en suspens d'une validation par la communauté scientifique internationale.

De plus, obtenir des chiffres plus précis aurait exigé la définition et la mise sur pied d'un groupe de contrôle dans un autre pays, soumis à des conditions similaires aux nôtres. Même une fois ces réserves levées, subsiste un impondérable: il n'est pas possible d'imaginer le comportement collectif des Français dans une société privée de vaccination et ce, sur la durée. Et les précautions, les conduites qui auraient été les leurs - les nôtres - sont un mystère, de même que leur prise sur l'évolution du virus et sa létalité.

"Evidemment, on ne rejoue pas l'épidémie avec tous les processus, les détails qui surviennent dans un pays soumis à l'épidémie et évidemment cette étude ne permet pas de dire - ni aucune étude jamais - combien de décès auront été évités", a reconnu Mircea Sofonea devant notre caméra.

Samedi dernier, plus de 48 millions de Français avaient reçu au moins une dose de vaccin anti-Covid-19, et ils étaient plus de 43 millions à avoir souscrit à la seconde.

Robin Verner