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Santé

Une équipe de chercheurs américains a réussi à faire rajeunir des souris

Une souris de laboratoire (photo d'illustration)

Une souris de laboratoire (photo d'illustration) - Merle - AFP

L'espérance de vie des animaux a été allongée et certains individus âgés ont même, après une blessure, récupéré beaucoup plus vite que des souris plus jeunes. Les travaux de cette équipe de chercheurs américains ont de quoi faire rêver ceux qui ne veulent pas vieillir.

Ce n'est pas de la science-fiction. Une équipe de chercheurs américains a réussi à faire rajeunir des souris. Leur espérance de vie est passée de dix-huit à vingt-quatre semaines. Ils sont même parvenus à leur attribuer de nouvelles qualités: les animaux âgés qui étaient blessés ont récupéré beaucoup plus vite que des individus jeunes.

"Vieillir n'est plus un processus unidirectionnel, comme on le pensait. On peut le ralentir et même l'inverser", s'enthousiasme Juan Carlos Izpisua Belmonte, professeur au Salk Institute, qui a dirigé l'étude.

Des souris transgéniques

Ces travaux, publiés jeudi dans la revue scientifique Cell, ont été menés par une équipe de chercheurs du Salk Institute, un célèbre institut de recherche en Californie. Les scientifiques se sont inspirés des découvertes d'un chercheur japonais, qui lui ont valu le prix Nobel de médecine en 2012. Il avait identifié un cocktail de quatre facteurs permettant de reprogrammer des cellules.

La manipulation s'est opérée sur des souris transgéniques, c'est-à-dire dont le patrimoine génétique a été modifié, afin qu'elles possèdent ces quatre facteurs du rajeunissement et que ces derniers ne s'expriment uniquement lors de l'administration d'un antibiotique. Lors de l'étude menée par le chercheur japonais, les cellules se développaient de manière incontrôlable.

"On ne rallongera pas notre durée de vie"

Mais à ceux qui voudraient avoir toujours 20 ans: une application sur l'homme n'est pas envisagée. Impossible en effet de créer des bébés transgéniques. La biologiste moléculaire Elizabeth Blackburn, prix Nobel de physiologie ou médecine en 2009 et présidente du Salk Institute, explique ses réserves quant à une éventuelle application humaine.

"Cette étude élégante et rigoureuse confirme l'importance de la régénération des cellules souches dans les processus de vieillissement, assure-t-elle au Monde (...). Mais qui ne doit pas non plus nous faire oublier qu'il s'agit de recherche fondamentale, pas d'applications médicales. On parle de souris, pas d'hommes. Elles vivent quarante fois moins longtemps, donc les processus de vieillissement sont très différents. On ne rallongera pas pour autant notre durée de vie maximum. Au mieux, on évitera certaines maladies, ce qui n'est déjà pas si mal. Mais nous n'irons pas tous à 140 ans."

Juan Carlos Izpisua Belmont a cependant imaginé que sa technologie pourrait s'appliquer dans une certaine mesure à l'homme, comme à la peau, les muscles ou le système cardio-vasculaire. Selon lui, des crèmes ou des injections pourraient voir le jour "d'ici une dizaine d'années".
Céline Hussonnois-Alaya