"Une aidante dévouée": une Britannique échappe à la prison pour avoir tué son père en phase terminale d'un cancer

Le tribunal d'Oxford, le 10 février 2025, au Royaume-uni. - Adrian DENNIS
Pas de prison ferme. Lisa Davenport est sortie libre du tribunal d'Oxford, ce vendredi 11 avril, rapporte Sky News. La femme britannique de 55 ans a été condamnée à seulement deux ans de prison avec sursis pour avoir tué son père, Barrie Davenport.
Âgé de 88 ans, celui-ci était atteint d'un cancer du pancréas en phase terminale lorsqu'il est mort chez lui, à Banbury, le 17 octobre 2022. Le juge Thomas Linden a motivé son jugement clément par la volonté de Lisa Davenport de "mettre fin aux souffrances de (son) père".
Des aveux peu de temps après les faits
Le médecin ayant constaté la mort de Barrie Davenport a d'abord conclu qu'il s'agissait d'une mort de causes naturelles, car son décès était attendu de manière imminente en raison de sa maladie en phase terminale.
"Lorsque le médecin a constaté son décès à 22 heures le 17 octobre, il a cru qu'il s'agissait de causes naturelles. Mais ce n'était pas le cas. Monsieur Davenport avait en réalité été tué illégalement par sa fille, l'accusée Lisa Davenport", a décrit le procureur John Price lors du procès.
"Vers 19 heures, elle a étouffé son père avec un oreiller alors qu'il était allongé dans son lit", a ajouté le procureur.
Le geste de Lisa Davenport aurait d'ailleurs pu rester inconnu de la justice si celle-ci ne s'était pas confiée sur le décès de son père. D'après le procureur, Lisa Davenport a tout d'abord avoué avoir tué son père à une voisine, le jour même, lui demandant de ne rien dire; puis a réitéré ses aveux, le lendemain, auprès du directeur de la résidence pour senior où vivait son père. Le responsable a donc fait un signalement auprès de la police.
Une aide pour son père dans la maladie
"Les éléments de preuve suggèrent qu'après son diagnostic de cancer en phase terminale, l'accusée a été une aidante dévouée à l'égard de son père, alors que sa santé déclinait", a déclaré John Price lors du procès, afin de contextualiser le geste de Lisa Davenport.
"Il est juste de dire que personne n’aurait pu faire plus qu'elle pour un parent manifestement mourant", a ajouté le procureur.
Ce dernier a également ajouté que dans les heures et jours qui ont précédé sa mort, Barrie Davenport était atteint de grandes souffrances, que les médicaments ne permettaient pas de garder sous contrôle.
Lisa Davenport "était bouleversée par l'apparence de son père. Elle a demandé qu'il reçoive davantage d'analgésiques. Ce contexte pourrait expliquer pourquoi une fille dévouée a agi ainsi envers son père ce soir-là", a conclu John Price lors de sa plaidoirie.
Lisa Davenport soutenue par sa famille
L'avocate de la défense, Mary Prior, a insisté, lors de sa plaidoirie, sur l'amour que sa famille portait à Barrie Davenport. "Tous aimaient leur père et leur grand-père", a déclaré l'avocate, ajoutant que "malgré le fait que (Lisa Davenport) ait causé la mort de son père, (les membres de la famille Davenport) l'aiment tous, la soutiennent et sont présents au tribunal pour la soutenir.
"Elle a agi en quelques secondes pour éviter des souffrances pendant des minutes, des heures, voire des jours", a défendu l'avocate.
Enfin, Mary Prior a appuyé sur le fait qu'une peine de prison ferme à l'encontre de Lisa Davenport ne la punirait pas seulement elle, mais également les autres membres de sa famille, dont ses deux enfants.
Une peine d'une exceptionnelle clémence
Après les différentes plaidoiries, le juge Linden a finalement condamné Lisa Davenport à deux ans de prison avec sursis, une obligation de soin de 12 mois pour traiter sa santé mentale et sa dépendance à l'alcool et un couvre-feu de 20 heures du soir à huit heures du matin.
"Il n'y a aucune preuve de préméditation et j'accepte également que votre seule motivation était de mettre fin aux souffrances de votre père et que vous avez agi parce que sa mort était proche", a déclaré le juge.
Pour expliquer sa peine particulièrement clémente, le juge Linden a invoqué "des circonstances atténuantes [...]exceptionnelles", tout en rappelant que "personne n'est autorisé à prendre les choses en main par lui-même".
Le Parlement britannique examine actuellement un projet de loi sur l'aide médicale à mourir pour les adultes malades en phase terminale. Cette loi pourrait permettre aux personnes malades ayant un pronostic de vie de six mois ou moins d'obtenir de l'aide pour mettre fin à leur jour eux-même.