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"Une activité qui me pèse": Didier Raoult réagit à la polémique sur son possible départ de l'IHU

Le professeur Didier Raoult lors d'une conférence de presse le 27 août 2020 à Marseille

Le professeur Didier Raoult lors d'une conférence de presse le 27 août 2020 à Marseille - Christophe SIMON © 2019 AFP

Le Directeur général de l'IHU Méditerranée Infection a confié que sa fonction au sein de l'établissement marseillais "commence à être lourde",

"J’ai le sentiment d’avoir réalisé ce que je devais faire." Lors d'une interview accordée ce lundi à CNews, le très médiatique directeur général de l'IHU Méditerranée Infection, Didier Raoult, s'est livré à plusieurs confessions, en particulier en ce qui concerne son avenir proche, lui qui devrait prendre sa retraite - forcée - à la fin du mois d'août.

Le directeur-général de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille, François Crémieux, a confirmé jeudi les informations du Monde selon lesquelles l'AP-HM mais aussi Aix-Marseille-Université (AMU), membres fondateurs de l'IHU et membres de son conseil d'administration, vont lancer dès septembre la procédure de recrutement pour remplacer Didier Raoult.

"Une activité qui me pèse"

Ce lundi, Didier Raoult a toutefois expliqué chez nos confrères que sa fonction au sein de l'IHU lui pesait, et que le poids des années se faisait peu à peu sentir.

"Dans l’IHU il y a une partie fonctionnelle liée au fait que je suis directeur de l’IHU et pratiquant, qui commence à être lourde. Ça fait 32 ans que je suis chef de service, je suis le plus vieux chef de service de ce pays, le professeur le plus ancien de ce pays, ça fait un moment que ça dure. [...] L’activité au quotidien, c’est-à-dire tous les matins à 8 heures faire un staff pour organiser les choses, je reconnais que c’est une activité qui me pèse maintenant", admet-il.

Pour lui, son sort est désormais entre les mains de sa hiérarchie. "La question c’est de clarifier avec les gens du conseil d’administration, bien sûr certains m’ont appelé, m’ont demandé comment je voyais les choses. Il y a un vote, mais je ne me présente pas à l'élection présidentielle", ajoute-t-il.

"Faire le ménage"

Des propos paradoxaux, qui tranchent singulièrement avec ceux exprimés quelques minutes plus tôt lors du même entretien auprès de CNews. Selon Didier Raoult, le nouveau directeur général des hôpitaux publics de Marseille (AP-HM), François Crémieux, était là "pour faire le ménage", "et je fais partie des objets dont il voudrait faire le ménage".

"C'est le grand copain de Hirsch, et comme j'ai dit ce que je pensais de la gestion de Paris, qui a été absolument épouvantable, il m'en veut beaucoup", accuse-t-il.

Ex-adjoint de Martin Hirsch, le directeur général de l'AP-HP, les hôpitaux publics parisiens, François Crémieux a pris les fonctions de directeur général de l'AP-HM en juillet. C'est sous la houlette de ce dernier qu'un processus de recrutement a été mis en place.

"J'aurais pu être recruté comme praticien hospitalier contractuel pendant encore deux ans, ça rapporterait plus de deux millions d'euros par an à l'Assistance publique, du fait de mon activité scientifique qui génère de l'argent", plaide-t-il, en soulignant que la décision sur sa demande de prolongation sera prise par le conseil d'administration de la Fondation qui chapeaute l'IHU.

Pas de politique?

Interrogé sur son avenir s'il venait à quitter ses fonctions, Didier Raoult a toutefois balayé d'un revers de manche l'hypothèse de se lancer en politique. "Je ne saurais pas le faire, pas des décisions guidées par la rationalité ou la compréhension des phénomènes. Il s’agit de manager les angoisses", conclut-il.

Reste que, depuis l'annonce de ce potentiel départ, l'affaire est bel et bien repris politiquement. Lors des dernières manifestations anti-pass sanitaire en France, de nombreux participants ont apporté leur soutien à Didier Raoult.

Dans le cortège parisien, les manifestants ont brandi des portraits du professeur, accompagnés du slogan "Touchez pas à Raoult". "Il a créé l’IHU en 2011, il le dirige, il peut très bien continuer de le diriger. Il l’a d’ailleurs demandé", a remarqué Florian Philippot à notre micro, avant de poursuivre:

“C’est quoi son péché mortel, c’est d’avoir soigné les gens? C’est d’avoir dépisté avant les autres? C’est d’avoir dit avant les autres qu’il y avait des variants? C’est d’avoir dénoncé des conflits d’intérêts et de la corruption? C’est ça son péché mortel? Eh bien c’est triste pour la science et c’est triste pour la France."
https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV