Un retour à la vie normale cet automne? Pour l'Institut Pasteur, pas sans vaccination massive

Une patiente reçoit le vaccin Pfizer/BioNTech dans la banlieue lilloise de Marcq-en-Baroeul le 4 avril 2021 - FRANCOIS LO PRESTI © 2019 AFP
Comment sortir de la crise sanitaire à moyen terme? Selon les résultats des nouvelles modélisations de l'Institut Pasteur, rendues publiques ce mardi, le retour à une vie plus normale est certes envisageable dans les mois à venir, mais seulement à condition d'accélérer drastiquement la vaccination. Notamment face à l'émergence des variants plus contagieux, comme le britannique - désormais majoritaire en France.
"À l’automne 2021, notre capacité à relâcher les mesures de contrôle dépendra de la couverture vaccinale atteinte dans les différents groupes d’âge et des caractéristiques de transmission du virus dominant", peut-on lire sur le site de l'Institut.
Selon ces travaux, la vaccination des seules personnes les plus fragiles ne peut suffire "pour que le nombre d’admissions de patients Covid-19 reste inférieur à 1000 par jour", ce qui permettrait d'envisager d'abandonner totalement les restrictions.
Une vaccination massive nécessaire
Pour arriver à ce constat, les scientifiques sont partis de l'hypothèse que les vaccins réduisaient de 90% le risque d’apparition d’une forme grave de la maladie et de 80% celui d’être infecté. Dans ce scénario, et avec une transmission du virus accrue en raison des variants, l'Institut Pasteur estime que 90% de la population adulte devrait être vaccinée en France "pour qu'un relâchement complet des mesures de contrôle (de l'épidémie) soit envisageable.
Pour rappel, Emmanuel Macron avait réitéré son objectif de "vacciner tous les Français qui le souhaitent d'ici la fin de l'été". Selon les chiffres officiels, 9.296.131 de Français ont pour l'heure reçu une dose (environ 14% de la population), et 3.109.768 patients les deux (environ 4,7%).
La vaccination massive des seniors n'est pas suffisante dans ce scénario d'un virus plus contagieux. Selon les modélisations, si 90% des plus de 65 ans sont vaccinés mais que seuls 70% des 18-64 le sont, alors l'abandon total des restrictions actuelles ne serait pas possible. Dans ce cas de figure, il faudrait conserver des mesures permettant de réduire "les taux de transmission dans la population générale de 15-27%" - "en guise de comparaison, pendant le confinement de mars-mai 2020, les taux de transmission ont été réduits de 80%", note l'Institut Pasteur.
Contacté par Le Parisien, Simon Cauchemez, responsable du laboratoire de modélisation mathématique des maladies infectieuses à l’Institut Pasteur et auteur principal de l’étude, souligne que l'un "des messages forts que ces modèles permettent de faire comprendre est que même si je ne suis pas à risque, c’est utile que je me fasse vacciner pour que l’on puisse retrouver une vie normale. Si on ne vaccinait que les personnes les plus fragiles, ce ne serait pas suffisant."
Vacciner les enfants, une piste "intéressante"
Comme le précise encore le quotidien francilien, la vaccination des plus jeunes pourrait également être un critère décisif pour sortir de la crise et des restrictions. Car, selon les modélisations, "si seuls les adultes sont vaccinés, une épidémie importante est malgré tout attendue chez les enfants, contribuant à l’infection des parents et des grands-parents non protégés".
En cas d'immunisation des enfants, il faudrait que "60 à 69% des 0-64 ans et 90 % des plus de 65 ans" soient vaccinés pour permettre un relâchement total des mesures actuelles.
"S’il est démontré que les vaccins sont sûrs et efficaces chez les enfants, les vacciner pourrait être intéressant afin de réduire la circulation du virus dans cette tranche d’âge et ne pas la laisser en capacité de transmettre le virus à des personnes fragiles et non protégées", conclut Simon Cauchemez.