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"Un intérêt majeur": lancement d’un programme pilote sur le dépistage du cancer du poumon

Un médecin observant les poumons d'un fumeur à Ajaccio le 16 décembre 2021 (illustration)

Un médecin observant les poumons d'un fumeur à Ajaccio le 16 décembre 2021 (illustration) - Pascal POCHARD-CASABIANCA / AFP

Un programme pilote de dépistage des cancers du poumon va être déployé en France d'ici la fin de l'année, étape clé avant une probable généralisation d'un dépistage organisé.

C’est un pas de plus vers la mise en place d’un dépistage organisé du cancer du poumon, la première cause de mortalité par cancer en France selon l’Inca (l’Institut national du cancer), avec 30.000 décès chaque année.

Les premiers volontaires devraient être inclus dans ce projet de recherche qui combinera un scanner thoracique à faible dose à une proposition de sevrage tabagique. Le tout doit débuter d’ici le début du deuxième semestre 2025, explique à BFMTV le Pr Norbert Ifrah, président de l'Institut.

"Il n'y a pas aujourd'hui de dépistage organisé du cancer du poumon", explique ce dernier. Mais "à la suite d'études qui ont permis de montrer que ça avait un intérêt, nous avons décidé de lancer un programme de recherche permettant de répondre à quelques questions qui restent en suspens et ensuite de permettre la généralisation d'un dépistage organisé sur le territoire".

La Haute autorité de Santé avait, début 2022, recommandé "la réalisation d’expérimentation en vie réelle du dépistage du cancer du poumon". Et ce car elle estimait que "l’analyse des nouvelles données disponibles montre que le dépistage par scanner à faible dose chez les personnes fortement exposées au tabac conduit à une réduction de la mortalité spécifique" tout en indiquant nécessiter des informations complémentaires via un programme pilote. Ce programme doit donc permettre d’apporter des réponses à la HAS avant un éventuel déploiement à large échelle.

Selon l’Inca, "l’objectif du dépistage est de permettre une détection précoce des cancers, avant tout symptôme, de façon à ce qu’un traitement ou une intervention puisse être efficace".

"L'intérêt du dépistage est majeur pour la santé publique" vu que le cancer du poumon est le plus meurtrier en France, avec plus de 30.000 décès chaque année, a souligné le professeur Ifrah en ajoutant que "cette année, on s'attend à ce que les décès par cancer du poumon dépassent les décès par cancer du sein chez les femmes".

La plupart des cas sont détectés à un stade avancé de la maladie, ce qui réduit les chances de traitement et de guérison. Le tabac reste le principal facteur de risque.

20.000 fumeurs ou ex-fumeurs

Nommé Impulsion, le projet pilote, choisi après examen par un comité d'évaluation international et un appel à candidatures, est porté par un consortium coordonné par le Pr Marie-Pierre Revel (Assistance Publique - Hôpitaux de Paris) et par le Pr Sébastien Couraud (Hospices Civils de Lyon). Il devrait être lancé d’abord en Ile-de-France et à Lyon, avant d’être étendu à d’autre régions.

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L’étude prévoit d’inclure 20.000 participants. Le projet pilote s’adresse "aux personnes de 50 à 74 ans, fumeurs et ex-fumeurs sevrés depuis moins de 15 ans avec une consommation tabagique cumulée d’au moins 20 paquets/années", détaille l’Inca, soit l’équivalent d’un paquet de cigarettes par jour durant cette période ou de deux paquets de cigarettes par jour pendant 10 ans ou encore "un petit peu moins de cigarettes mais pendant plus longtemps", ajoute Norbert Ifrah.

Les participants se verront proposer un scanner thoracique à faible dose: deux scanners à un an d’intervalle puis un examen tous les deux ans. Un suivi pris en charge par l’Assurance Maladie explique l’Inca.

"C’est l'équivalent du scanner qu'on connaît mais avec des doses d'irradiation infiniment plus petites et un temps d'examen beaucoup plus court", commente le président de l’Institut.

L’inclusion des participants sera envisagée via plusieurs modalités, certains professionnels de santé, certains centres de l’Assurance Maladie, ou encore via une plateforme digitale, ou par téléphone peut-on lire dans le communiqué de l’Inca.

L'Inca va en financer l'organisation à hauteur de 6 millions d'euros. En France, trois cancers (sein, colorectal, col de l'utérus) font l'objet d'un dépistage organisé, proposé systématiquement à une population cible.

Selon le panorama cancer de l'Inca, les cancers les plus fréquents restent, chez les hommes, les cancers de la prostate (59.885 cas), du poumon (33.438 cas) et du côlon-rectum (26.212 cas). Chez les femmes, ceux du sein (61.214 cas), colorectal (21.370 cas) et du poumon (19.339 cas).

Caroline Dieudonné