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Santé

Un congrès de l'hypnose sous toutes ses formes s'ouvre à Paris

Un congrès de l'hypnose s'ouvre à Paris, ce mercredi.

Un congrès de l'hypnose s'ouvre à Paris, ce mercredi. - Thomas Coex - AFP

Très en vogue, l'hypnose se développe partout et se décline désormais de bien des façons, certaines étant plutôt insolites. Au point même que la discipline fait l'objet, à partir de ce mercredi d'un congrès à Paris. Non sans susciter quelques critiques de la part de détracteurs.

Discipline très en vogue, l'hypnose qui se développe un peu partout, dans les hôpitaux (accouchement, rééducation d'AVC ou d'accident...) ou en ville, tient son congrès à Paris du 26 au 29 août avec 2.500 participants de 56 nations et des interventions aux intitulés parfois obscurs ou cocasses.

"Lutinothérapie, hypnose quantique, ou systémique..." sont inscrits au programme d'une discipline dont le champ traditionnel en psychologie s'est étendu à la prise en charge de la douleur, attirant des anesthésistes, médecins généralistes, infirmières, dentistes, kinés. 

"Dans l'hypnose dite ericksonnienne (du nom du psychiatre américain Milton Erickson, pionnier du renouveau de l'hypnose), la plus courante, on travaille beaucoup avec des histoires et des métaphores comme supports", explique le Dr Claude Virot, psychiatre et directeur du congrès.

"Jeux de mots", cocasseries... et réserves

D'où des "jeux de mots" et titres "cocasses" pour cette conférence qui suscite par ailleurs certaines réserves. La lutinothérapie du kinésithérapeute Jean-Christophe Le Danvic, basée sur sa propre expérience, suggère aux patients, dans le cadre de l'auto-hypnose, "d'abriter" des lutins en échange de "menus services" comme d'aider à combattre des douleurs rebelles.

L'hypnose ericksonienne repose sur la suggestion librement consentie, rassure Christine Vevaeke, kinésithérapeute dans un centre de rééducation à Rennes qui pratique cette "thérapie complémentaire" sur "prescription médicale".

Ses patients: des blessés de la moelle épinière, des hémiplégiques après AVC, beaucoup de lombalgies chroniques...Cela permet de rendre les soins moins douloureux, de casser le "cercle vicieux" anxiété-mauvais sommeil-fatigue-douleur, selon cette professionnelle qui recourt aussi à l'auto-hypnose. "Il faut une motivation du patient", dit-elle. "Il y a des échecs et on ne peut pas dire que l'on a 100% de résultats", souligne-t-elle

L'auto-hypnose en plein essor

L'auto-hypnose s'est développée depuis 4 à 5 ans, de plus en plus de soignants l'intègrent dans leur arsenal thérapeutique afin que les patients s'en servent, note le Dr Virot.

"Il y a dix ans, on s'en servait peu et pas bien, on a beaucoup progressé dans la manière de l'utiliser" poursuit-il en évoquant des douleurs chroniques très handicapantes.

Elle a en tout cas un adepte célèbre, attendu au congrès: l'aventurier suisse Bertrand Piccard, également médecin psychiatre, qui s'en sert pour maîtriser son sommeil, quand il vole avec l'avion solaire Solar Impulse.

Le congrès abordera notamment les "pathologies digestives, comme l'intestin irritable, qui ont fait l'objet d'études cliniques. Cela donne des résultats intéressants, mais il ne faut pas rêver, ce n'est pas le miracle pour tout le monde", prévient le Dr Virot, qui milite pour la "reconnaissance de la formation par un diplôme officiel".

"Aptitude naturelle", "transe" ou "conscience modifiée"?

En pratique, on parle pour l'hypnose d'"une aptitude naturelle" comme lorsque l'on est "dans la lune", perdu dans ses pensées, mais aussi de relaxation, de "transe" et d'état de "conscience modifiée". Pour le Dr Patrick Bellet, président de la Confédération francophone d'hypnose et de thérapies brèves, organisatrice du congrès, l'hypnose réhumanise les soins comme en témoigne son livre sur l'hypnose qui vient de paraître aux éditions Odile Jacob.

Il y a mercredi un "colloque sur les neurosciences pour essayer de comprendre ce qu'est ce processus hypnotique", note le Dr Virot. "Car personne ne le sait très bien", sinon qu'on observe à l'imagerie IRM un fonctionnement du cerveau "très spécifique".

Des détracteurs

Mais le congrès a ses détracteurs, l'Association française pour l'information scientifique (Afis) juge qu'il "mélange dangereusement médecine, spiritualisme et ésotérisme" en épinglant, entre autres, "la physique quantique appliquée à l'hypnose" ou l'"hypnothérapie énergétique".

L'Afis préconise de "ne reconnaître que les pratiques sérieuses sur la base de solides évaluations", loin de tout "charabia". Les thérapies complémentaires, comme l'hypnose ou l'acupuncture, doivent "rester à leur juste place" comme méthodes pouvant compléter les moyens de la médecine, estime pour sa part l'Académie de médecine. 320 conférenciers animeront ce 20e congrès de la Société internationale d'hypnose, qui a pour partenaire le ministère de la Culture.

Jé. M. avec AFP