Tatouages: l'UFC-Que Choisir alerte sur la toxicité de certaines encres utilisées

Phénomène de société, le tatouage se démocratise en France. Selon un sondage Ifop réalisé en 2018 pour le journal La Croix, près d'un Français sur cinq est ou a déjà été tatoué au cours de sa vie, un chiffre en constante progression puisqu'ils n'étaient que 14% en 2016 et 10% en 2010.
Mais cette pratique artistique ne serait pas dénuée de tous risques. C'est la conclusion à laquelle est arrivée l'UFC-Que Choisir, qui a fait analyser 20 échantillons d'encres, noires ou de couleur, utilisées par de nombreux salons français. Et les résultats sont sans appel: seules cinq de ces substances répondent aux différentes normes en vigueur, 75% des produits testés "représentent un risque sanitaire élevé", selon l'organisme.
"Ce sont souvent les encres de couleur qui posent problème parce que la couleur implique une recette particulière et on se rend compte, au travers de ces analyses et de ces résultats, que la recette est faite n’importe comment. Nous avons des concentrations d’encre trop élevées, des colorants qui sont interdits", explique à BFMTV Raphaël Bartlomé, responsable juridique de l’UFC-Que Choisir.
Substances cancérogènes
Et les motifs d'inquiétude sont nombreux. Dans son compte-rendu, l'association liste les différentes substances pointées du doigt, dont différents colorants, des isothiazolinones, hydrocarbures aromatiques polycycliques ou encore des amines aromatiques, soit tout autant de composants chimiques parfois présents à des doses "accablantes". Si certains peuvent causer de fortes réactions allergiques, d'autres sont cancérogènes, note l'UFC-Que Choisir.
Interrogée par notre antenne, Martine Bagot, chef du service dermatologie à l’hôpital Saint-Louis de Paris, décrit le type de lésions causées par ces produits, en s'appuyant sur l'image d'un tatouage infecté.
"Tout autour on voit des lésions dermatologiques arrondies, arciformes, on voit bien que cela induit des démangeaisons, une irritation permanente qu’il est extrêmement difficile de traiter puisque le tatouage reste en place bien évidemment", explique-t-elle.
En réaction, l'UFC-Que Choisir a décidé de saisir la Répression des fraudes et l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) afin qu'elles "procèdent à une intensification des contrôles et ordonnent le retrait et rappel immédiat des produits dangereux" identifiés durant son test, compilés dans le tableau ci-dessous.

D'autres études accablantes
Ce n'est pas la première fois que l'alerte est donnée sur les substances utilisées dans le monde du tatouage. Comme le précise encore l'UFC-Que Choisir, dès 2017, l'Académie nationale de médecine prévenait de l'utilisation "de colorants et de conservateurs, dont certains sont interdits en usage cosmétique, ainsi que des sels de métaux lourds et autres métaux toxiques à concentration élevée."
Dans des conclusions rendues en 2016, et relayées par l'UFC-Que Choisir, la Répression des fraudes avait également, de son côté, noté que 14 encres sur les 32 analysées "renfermaient des ingrédients interdits et étaient dangereuses". Elle estimait alors "nécessaire de maintenir une pression de contrôle régulière sur ce secteur".