Scolarisation, emploi et accessibilité: le handicap s'invite à l'Elysée ce jeudi

L’accessibilité sera l'un des grands thèmes abordés, ce jeudi matin à l'Elysée, où se tient la troisième édition de la Conférence nationale du handicap. - Raymond Roïg - AFP
Scolarisation, emploi, accessibilité et accompagnement médico-social seront les grands thèmes de la Conférence nationale du handicap, organisée ce jeudi matin à l'Elysée, alors que les associations réclament du concret pour améliorer le quotidien des millions de personnes concernées.
"On est à mi-mandat et on n'a pas le sentiment d'avoir obtenu grand-chose depuis 2012. On aimerait bien que François Hollande nous laisse un petit peu d'espoir d'ici la fin de son quinquennat", s'impatiente Alain Rochon, président de l'Association des Paralysés de France (APF).
Pas de grandes annonces à attendre, mais...
Cette troisième édition de la conférence nationale organisée depuis 2008 sera clôturée par le président François Hollande. Selon l'Elysée, il ne faut pas en attendre de grandes annonces, mais plutôt des confirmations et des précisions sur chacun des thèmes abordés.
Ce rendez-vous fait suite au comité interministériel du handicap, organisé en septembre 2013, et qui avait défini les grandes orientations de la politique du gouvernement. Il a aussi été précédé de forums régionaux sur les thèmes retenus (jeunesse et scolarisation, emploi, accessibilité, accompagnement médico-social et accès aux soins), auxquels ont participé les ministres concernés.
Les associations sont très demandeuses de clarifications. "L'Unapei attend que le chef de l'Etat définisse clairement la politique du handicap en France, parce que nous, on ne comprend plus", souligne Christel Prado, présidente de cette fédération de familles de personnes handicapées mentales.
Des récents délais jugés inacceptables
Sur l'un des grands thèmes de la conférence, l'accessibilité, un collectif regroupant six associations dont l'APF et l'Unapei a annoncé lundi avoir déposé un recours en excès de pouvoir devant le Conseil d'Etat. Ce collectif estime en effet que les nouveaux délais prévus dans une récente ordonnance pour la mise en accessibilité des lieux publics et transports aux handicapés sont "inacceptables".
Un autre gros sujet de crispation est le manque de places pour enfants et adultes handicapés dans des structures adaptées à leur état. "13.000 enfants handicapés sont aujourd'hui sans solution éducative", déplore Christel Prado. N'ayant rien trouvé en France, les familles se tournent parfois vers des établissements situés en Belgique, avec "6.500 enfants et adultes exilés" dans ce pays, selon la présidente de l'Unapei.
Elle cite aussi "30.500 personnes handicapées mentales vieillissantes sans solution", certaines se voyant proposer "une place en Ehpad (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes, Ndlr) à 60 ans, avec des personnes de 90 ans en fin de vie", ou encore "presque 6.500 jeunes maintenus au-delà de leurs 20 ans dans des établissements pour enfants".
"Zéro sans solution"
En juin, le conseiller d'Etat Denis Piveteau a remis un gouvernement un rapport intitulé "zéro sans solution", sur les moyens d'éviter les ruptures de prise en charge, mais l'Unapei déplore qu'il n'ait pas encore été mis en oeuvre.
L'Elysée rappelle que le gouvernement a confié à Marie-Sophie Dessaulle, ancienne directrice d'Agence régionale de santé et ex-présidente de l'APF, une mission sur la mise en oeuvre de ce rapport.
Le chef de l'Etat devrait par ailleurs confirmer la politique d'"école inclusive" du gouvernement, visant à développer l'accueil des enfants handicapés en milieu scolaire ordinaire, et sa volonté de faciliter la transition entre le travail en secteur "protégé" (dans des entreprises adaptées aux handicap) et le milieu ordinaire.
Près de 10 millions de personnes concernées au sens large
L'APF demande notamment "un plan de résorption du chômage" des personnes handicapées, qui augmente deux fois plus vite que la moyenne, avec des efforts pour améliorer leurs qualifications.
En matière d'accès aux soins, les associations estiment également que beaucoup reste à faire, par exemple en matière de prévention de pathologies non liées au handicap.
"Traditionnellement oubliée" selon l'APF, la question d'une revalorisation des prestations accordées aux personnes handicapées n'est pas à l'ordre du jour, dans un contexte budgétaire serré.
Selon l'Insee, 1,8 million de personnes de 15 à 64 ans vivant à domicile ont une reconnaissance administrative de leur handicap et 9,6 millions de personnes sont concernées au sens large.