Santé : un médicament anti-ulcère prescrit pour… accoucher !

Après Diane 35, le Cytotec va-t-il créer un nouveau scandale ? Cet anti-ulcère est aussi utilisé pour… déclencher les accouchements ou favoriser les avortements. L'Agence nationale de sécurité du médicament [ANSM] donne l'alerte. Un médecin dénonce « un mauvais usage, par des médecins peu scrupuleux ».

Prescrit pour les douleurs gastriques, le Cytotec a aussi été donné à des femmes, pour faciliter leur accouchement ou leur avortement. Comme le Mediator ou Diane 35, cet anti-ulcère est ce que l'on appelle un médicament prescrit "hors AMM" [autorisation de mise sur le marché], autrement dit, il est détourné de son usage premier et sert à déclencher des accouchements, et favoriser l'expulsion du fœtus dans le cas d'IVG ou de fausse-couche.

Dangereux pour la mère et l'enfant ?

L'Agence Nationale de sécurité du Médicament [ANSM] donne l'alerte : ce médicament pourrait être dangereux pour la mère et l'enfant. Il peut présenter des risques – certes rares, mais très graves, avec risques de rupture de l'utérus, d'hémorragies ou encore d'anomalies du rythme cardiaque du fœtus. L'ANSM demande donc aux gynécologues et aux obstétriciens d'arrêter de l'utiliser.

« Un mauvais usage, par des médecins peu scrupuleux »

Le docteur Sauveur Boukris est médecin généraliste et auteur du livre La fabrique de malades. Comment en vient-on à utiliser un médicament en dehors du cadre prévu par l'AMM ? « Lorsqu’un médicament est utilisé, on découvre des effets indésirables, qui peuvent être utiles pour traiter une maladie. C’est l’exemple du Cytotec, que l’on donnait pour les douleurs gastriques ; on s’est rendu compte qu’il provoquait des avortements, donc on s’est dit : on va le donner aux femmes. C’est vraiment un mauvais usage, par des médecins peu scrupuleux. C’est une sorte d’observation empirique, sans preuves, ni tests ».

J.V. avec Martin Bodréro