BFMTV
Santé

Salle de shoot à Paris : "une décision irresponsable"

Les défenseurs des salles de consommation expliquent qu'e l'encadrement de la consommation permettrait de réduire les risques sanitaires de l'addiction.

Les défenseurs des salles de consommation expliquent qu'e l'encadrement de la consommation permettrait de réduire les risques sanitaires de l'addiction. - -

INTERVIEW - Matignon a donné officiellement son feu vert, ce 5 février, pour l'ouverture d'une salle de consommation de drogue à Paris. Le député Philippe Goujon trouve cette décision "irresponsable" et estime que "la prochaine étape c’est la dépénalisation des drogues".

La prévention contre la toxicomanie doit-elle passer par une petite dose d'accompagnement pour plus de sécurité ? Le député-maire du XVe arrondissement de Paris, Philippe Goujon, mène la lutte contre l'ouverture des salles d'injection de drogue à Paris. Il estime que la décision de Jean-Marc Ayrault d'en tester une dans la capitale est "irresponsable".

>> Lire aussi - Matignon autorise une expérience à Paris

Quelles seront les premières conséquences de ce feu vert donné par Matignon ?

La décision prise par le premier ministre est irresponsable car elle va donner un signal très négatif à la jeunesse de ce pays, selon lequel il est possible de se droguer proprement. Cela risque d’être une incitation. De plus, je pense que le gouvernement se met en infraction à la loi de 1970 qui interdit l’usage, mais aussi l’incitation à l’usage de drogue.

Des salles vont ouvrir, avec des médecins payés par la sécu, qui organiseront la prise de poison par les jeunes ?

La prochaine étape c’est la dépénalisation de toutes les drogues dans ce pays. Pourquoi ? Parce qu’en ouvrant ces salles on permet aux toxicos de se droguer, c’est une dépénalisation de fait qui débouche sur une légalisation de droit qui finira par arriver.

Ne vaut-il pas mieux que des jeunes qui, de toutes façons, s’injecteront de la drogue, le fassent en sécurité ?

Non, parce que ce n’est pas le bon système. Nous menons en France une politique inverse avec une centaine de centres de prévention des risques qui offrent des traitements de substitution tout en diffusant le message de l’interdiction de la drogue. Si demain l’Etat, par ce signal, ouvre la consommation sous son contrôle, l’interdit sautera. Cela augmentera la consommation de drogue parmi les jeunes.

Il existe très peu de pays qui mettent en place cette politique et ce sont des pays dans lesquels il y a des faits de drogue très impressionnants, qui n’existent pas en France.

J’ai visité la salle du quai 9 à Genève : elle est fermée à 17 heures, ce qui ne correspond pas tellement aux heures de consommation, ça a généré tout un trafic de drogue pris en main par une mafia géorgienne autour de ce lieu… C’est une fausse bonne solution, même si ça part d’une idée généreuse.

Notre politique doit reposer sur le sevrage, l’interdit et la réduction des risques. L’Etat ne doit pas organiser la consommation de drogue.

Le combat est-il gagné pour les défenseur des salles de shoot ?

J’ai toujours porté l’opposition contre le financement de ces salles de shoot et je continuerai mais maintenant tout est prêt pour qu’une de ces salles soit ouverte. Il y aura sans doute encore un débat au conseil de Paris, nous essaierons de nouveau de rappeler aux élus les dangers de l’ouverture de cette salle de consommation de drogue.

Ce qu'il faut faire, c'est prendre en charge les toxicomanes les plus en détresse grâce à des équipes mobiles, mener une action plus importante contre l’hépatite C, mais certainement pas opérer une inversion totale des politiques de prévention menées dans ce pays.

Il existe des centaines de centres dans lesquels sont traités 120.000 toxicomanes par des moyens de substitution, tout cela n’existe nulle part ailleurs au monde. Notre système n’est pas parfait, mais il est performant. Il y a d’autres moyens de l’améliorer.

|||📷
Philippe Goujo
n est député-maire UMP du XVe arrondissement de Paris, il est en première ligne dans la lutte dans le combat contre l'ouverture des salles de shoot.
Twitter : @Philippe_Goujo
n