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Santé

Réguler l'installation des médecins: reprise des débats à l'Assemblée sur un texte inflammable

Des étudiants et jeunes médecins protestent contre la proposition de loi sur les "déserts médicaux" portée par le député socialiste Guillaume Garot

Des étudiants et jeunes médecins protestent contre la proposition de loi sur les "déserts médicaux" portée par le député socialiste Guillaume Garot - Thomas SAMSON / AFP

Cette proposition de loi est combattue par des médecins opposés à la régulation de leur installation sur le territoire, prévue par le texte.

Les débats reprennent à l'Assemblée sur une proposition de loi contre les "déserts médicaux", soutenue par des élus locaux et des associations de patients, mais combattue par des médecins opposés à sa mesure phare: la régulation de leur installation sur le territoire.

Les députés reprendront leurs travaux en première lecture ce mardi ou mercredi sur ce texte largement transpartisan - plus de 250 co-signataires allant de LFI à près d'un tiers du groupe LR -, mais inflammable.

Lancé en 2022 par le socialiste Guillaume Garot, le groupe transpartisan a réussi début avril à faire adopter l'article-clé régulant l'installation des médecins sur le territoire.

Ce vote large (155 contre 85), mais devant un nombre de députés restreint, rend difficile à prédire le vote final, probablement mercredi. Il dépendra beaucoup de la mobilisation à l'approche d'un weekend prolongé.

L'exécutif hostile à la régulation

Avant de s'installer, les médecins libéraux ou salariés devraient solliciter l'aval de l'Agence régionale de santé. Il serait de droit dans une zone manquant de soignants, mais dans les territoires mieux pourvus, le médecin ne pourrait s'installer que lorsqu'un autre s'en va.

Un "indicateur territorial" tenant compte du "temps médical disponible par patient" et de "la situation démographique, sanitaire et socio-économique du territoire", servirait à flécher la régulation, qui ne concernerait potentiellement que "13% du territoire" selon ses partisans.

Une "pierre angulaire de toute politique réellement efficace", insiste le groupe transpartisan. Mais un casus belli pour beaucoup de médecins, notamment des étudiants et internes en médecine, qui ont manifesté fin avril.

"Ce n'est pas la liberté d'installation qui met en péril l'accès aux soins" mais "la pénurie structurelle de médecins (et le) manque d'attractivité du secteur libéral", selon un communiqué du syndicat Jeunes Médecins lundi.

A contrario, plus de 1.500 élus locaux ont appelé dimanche dans La Tribune à voter le texte devant "l'attente forte" de leurs administrés.

Le groupe transpartisan argue que régulation et augmentation du nombre de médecins doivent aller de concert. Tout comme les autres articles qu'ils défendront cette semaine: notamment pour supprimer la majoration de ticket modérateur en l'absence de médecin traitant ou rétablir l'obligation de participer à la permanence des soins.

En cas d'adoption à l'Assemblée, il faudra que le texte poursuive sa navette au Sénat en trouvant de la place dans le calendrier, probablement à partir de l'automne.

Et sans le soutien de l'exécutif, hostile à la régulation. Il avance son propre plan, dont la mesure phare annoncée par le Premier ministre François Bayrou consisterait à imposer aux praticiens jusqu'à deux jours par mois de consultations dans des zones prioritaires.

B.F avec AFP