"Pour la première fois, une véritable volonté de déstigmatiser l'IVG"

La gynécologue-obstétricienne Danielle Hassoun, sur BFMTV le 7 novembre 2013. - -
Un rapport du Haut conseil à l'égalité entre les hommes et les femmes présenté jeudi matin pointe la difficulté d'accès à l'interruption volontaire de grossesse (IVG). Un accès jugé problématique notamment en raison d'une baisse de l'offre de soins. Invitée sur le plateau de BFMTV, la gynécologue-obstétricienne Danielle Hassoun, ancienne responsable du centre d'IVG de l'hôpital Delafontaine à Saint-Denis, commente ce rapport.
Qu'est-ce qui est marquant dans le rapport du HCEfh?
Pour la première fois, il y a une véritable volonté de déstigmatiser l'IVG, d'en faire un acte médical comme un autre, avec des propositions qui vont totalement dans ce sens. Ce qui aura pour effet, on peut l'espérer, pour les femmes d'avoir un accès plus facile et plus rapide surtout.
D'autant que 130 centre IVG ont fermé depuis dix ans...
Des hôpitaux ayant fermé, des maternités ayant fermé, bien évidemment, les centres d'IVG qui afférents à ces centres ont fermé. L'IVG est toujours le parent pauvre de la médecine, en particulier de la gynécologie obstétrique. On s'en préoccupe peut-être moins que des maternités, que des naissances.
Et l'accès au soin est très hétérogène selon les régions. Dans certaines régions en particulier, on se retrouve avec de très grosses difficultés d'accès pour les femmes, puisqu'il n'y a plus ces petites maternités. C'est l'accès aux soins de proximité qui est remis en question, plus particulièrement sur les IVG.
Quelles sont les mesures principales de ce rapport?
Il y a quelques recommandations très importantes. D'abord, depuis la loi Veil, il y a l'obligation d'une semaine de réflexion, entre la demande de l'IVG et l'IVG elle-même. C'est trop. Cela ne correspond pas à la réalité des femmes. Les femmes viennent très tôt demander une IVG et et majoritairement quand elles viennent, elles ont déjà pris leur décision. Une semaine ça ne fait que retarder l'accès à l'IVG. C'est quelque chose qu'on a beaucoup demandé pour réviser la loi de 2001.
Il y a aussi la clause de conscience. Elle fait partie de tous les actes médicaux: certains médecins s'autorisent à ne pas vouloir faire des IVG. C'est leur droit, mais cela limite considérablement l'accès à l'IVG.
Ce rapport lève-t-il des tabous?
Oui, et il y a quelque chose de très important symboliquement, c'est de revenir sur le texte de la loi. La loi dit qu'une femme peut demander une IVG si elle est en détresse. Or, pourquoi décider à priori qu'une femme est en détresse parce qu'elle demande une IVG? Ce que nous souhaiterions et ce que demande le rapport, c'est que ce mot de "détresse", qui ne correspond pas à la réalité soit supprimé. Certes les femmes sont tristes de faire une IVG, mais elles ne sont pas automatiquement en détresse. C'est juste une femme qui ne souhaite pas sa grossessse à ce moment-là de sa vie, qui doit obtenir cet acte, sans avoir à être jugée pour cela.
Quand les femmes sont décidées à faire une IVG, elles la font. C'est parfois un acte extrêmement douloureux, mais pas pour la majorité.
BFMTV.com vous propose de retrouver l'intégralité du rapport ci-dessous:
Rapport relatif à l'accès à l'IVG - Volet 2 : Accès à l'IVG dans les territoires publié par Fil_actu