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Pollution: quels risques pendant la grossesse?

Les pics de pollution aux particules fines sont de plus en plus fréquents et des données montrent que les femmes enceintes exposées ont plus de risques d’avoir des bébés de faibles poids.

Les pics de pollution aux particules fines sont de plus en plus fréquents et des données montrent que les femmes enceintes exposées ont plus de risques d’avoir des bébés de faibles poids. - iStock - tamaravidmar

Des chercheurs français ont découvert que les nanoparticules émises par les gaz d'échappement des moteurs diesel sont dangereuses pour les femmes enceintes, car à l'origine de problèmes de santé sur deux générations de fœtus, enfant et petit-enfant.

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On le sait, une exposition chronique à la pollution peut avoir de nombreux méfaits sur l'organisme, aussi bien sur le court terme que sur le long terme. Les particules fines augmentent le risque de maladies respiratoires aiguës (pneumonie), chroniques (cancer du poumon par exemple) ainsi que de maladies cardiovasculaires et peuvent aggraver l'état de santé des personnes déjà considérées comme fragiles.

Quand il s'agit de femmes enceintes ce risque prend une autre ampleur, comme le montrent les premiers résultats d’un projet de recherche coordonné par l’Inra* mené sur des animaux. Comme l'explique le ministère de la Santé, il est établi que les femmes enceintes exposées à la pollution ont plus de risques de donner naissance à des bébés de faibles poids, plus susceptibles de développer certaines pathologies à l'âge adulte comme le syndrome métabolique ou des maladies cardiovasculaires.

Les scientifiques se sont intéressés aux particules ultrafines et gaz nocifs présents dans les gaz d’échappement de moteur diesel dus au trafic routier. Ils ont établi que leurs effets délétères sur le métabolisme des fœtus concernent non seulement la première génération mais aussi la deuxième génération d'enfant. Ces derniers ont suivi des lapines gestantes ayant inhalé des gaz d'échappement de moteur diesel filtrés, à des niveaux proches d'une exposition journalière pendant un pic de pollution.

A la moitié de la grossesse, des signes de retard de croissance foetal ont été observés.

"A terme, la longueur de la tête des fœtus était diminuée, associée à une réduction de leur tour de taille, en accord avec les observations faites chez l’Homme", ont constaté les chercheurs.

Les nanoparticules: plus petites donc plus nocives

Des échographies ont en effet démontré une forte diminution de l’apport sanguin au placenta, réduisant l’apport de nutriments au fœtus. Les chercheurs n'ont pas eu de mal à trouver le lien de cause à effet: en utilisant un microscope électronique, ils ont constaté que les nanoparticules de diesel inhalées peuvent traverser le placenta et atteindre le sang du fœtus. Des effets qui pourraient entraîner des anomalies sur le fœtus de deuxième génération.

Les chercheurs ont découvert cette possibilité en observant la grossesse des lapines nées de mères exposées, accouplées avec des mâles non exposés. Aucune conséquence n'a été constatée chez le fœtus mais les scientifiques ont observé des anomalies dans les échanges de lipides entre la mère et celui-ci, "montrant l’effet de l’exposition à la pollution à la 2ème génération". Selon les scientifiques, c'est la première fois que le lien est établi entre ces nanoparticules et le sang foetal.

Une découverte importante car les pics de pollution sont de plus en plus fréquents, en raison du nombre élevé de véhicules diesel. Si les particules fines sont soumises à une réglementation, ce n'est pas le cas pour les nanoparticules, également présentes dans les gaz d'échappement diesel. En cas de pic de pollution, le ministère de la Santé recommande aux populations vulnérables, dont les femmes enceintes, de limiter les activités physiques et déplacements en plein air et de prendre conseil auprès de son médecin en cas d'inquiétude.

*Institut national de recherche agronomique

Alexandra Bresson