Pièces périmées, gel défectueux... Un tiers des défibrillateurs cardiaques publics en panne en France

Un défibrillateur cardiaque installé sur un mannequin (photo d'illustration). - Pixabay
On en compte 500.000 en France. Dans les hôpitaux, dans les gares ou encore au bureau, le nombre de défibrillateurs cardiaques a largement augmenté, depuis la loi de 2018, qui oblige tout établissement recevant du public à installer dans ses locaux un défibrillateur cardiaque.
Et pourtant, selon l'audit réalisé par la société de maintenance Matecir Defibril, un tiers d'entre eux ne fonctionne pas, rapportent nos confrères de France Info ce mercredi 29 mai.
Un problème de maintenance
Entre 2021 et 2023, l'entreprise Matecir Defibril a inspecté 6.021 défibrillateurs automatisés externes (DAE). Résultat: seuls 30% d'entre eux sont en parfait état de marche, tandis que les autres sont dans le meilleur dans cas défaillants ou tout simplement hors service.
Selon Matecir Defibril, si les établissements qui reçoivent du public sont au fait de leur obligation d'installer un défibrillateur, ils ignorent bien souvent que l'entretien de ces machines leur incombe également.
La cause la plus courante de ce défaut de maintenance concerne les pièces du défibrillateur qui finissent par se périmer. Les piles, la batterie ou encore les électrodes ont une durée de vie limitée et doivent donc régulièrement être changées. Autre composant qui périme, indique RTL, le gel que l'on met sur les électrodes chargé de faire passer le courant électrique. Dans certains cas, sa détérioration peut réduire sa qualité de conducteur.
Une situation, qui insurge Bruno Thomas-Lamotte, président de l'association pour le recensement et la localisation des défibrillateurs (Arlod), invité de RTL, ce mercredi. À la question "qui est responsable?", Bruno Thomas-Lamotte répond sans attendre: "l'exploitant". "Celui qui le met à la disposition du public, qui l'ait acheté, loué ou qu'on lui ait donné, est responsable de la maintenance", précise-t-il.
Réclamation d'une nouvelle loi
Ainsi, 60% des défibrillateurs inspectés par Matecir Defibril présentent "une anomalie pouvant entraîner un dysfonctionnement", indique l'Arlod. Afin de prévenir tout incident, l'association réclame une loi pour obliger les exploitants à assurer le bon fonctionnement des défibrillateurs à l'image de ce qui se fait pour les extincteurs.
En effet, depuis 2008, tous les extincteurs doivent faire l'objet d'une vérification annuelle et d'une révision tous les dix ans par une personne ou un organisme compétent.
"Le taux de survie des arrêts cardiaques est très bas en France, il est de l'ordre de 7 ou 8%. Avant les défibrillateurs, il était de 2%, donc ça prouve bien qu'il y a un intérêt", a affirmé Bruno Thomas-Lamotte à France Info.
Selon le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités, entre 40.000 et 50.000 personnes sont victimes d’une mort subite, faute d’avoir bénéficié au bon moment de l’intervention d'une personne qui aurait pu leur sauver la vie en pratiquant les gestes de premier secours et en administrant un choc électrique (défibrillation) le temps que les équipes de secours et d’aide médicale d’urgence interviennent.