Perturbateurs endocriniens: votre gel douche ou votre déodorant sont-ils dangereux?

Un rayon de produits cosmétiques et d'hygiène dans une parapharmacie à Caen le 23 juin 2015 (photo d'illustration) - Charly Triballeau-AFP
Plus de 1000 produits figurent désormais sur une liste actualisée par l'UFC-Que Choisir de cosmétiques aux substances jugées "indésirables", a annoncé mercredi l'association, qui a par ailleurs repéré des substances interdites dans 23 produits -déodorants, parfums, maquillage, produits solaires, pour bébé, dentifrices, gels douche et shampoings ou encore soins du corps- dont elle réclame le "retrait immédiat". Toutes les marques sont concernées: des plus luxueuses à celles de grande consommation, en passant par les produits vendus en pharmacie.
Lors d'un précédent pointage en février, un an après avoir initié sa liste, l'UFC-Que Choisir avait appelé les consommateurs à alimenter eux-mêmes sa base de données, qui épinglait alors 400 produits.
Un spray solaire pour enfant
L'association identifie désormais 12 composés "préoccupants" (perturbateurs endocriniens, allergisants, irritants, etc.), contre 11 précédemment, et a repéré 23 produits incorporant dans leurs formules des substances "rigoureusement interdites" et pourtant toujours vendus sur le marché, selon son communiqué. L'UFC-Que Choisir a réclamé le "retrait immédiat" de ces 23 cosmétiques "hors-la-loi".
L'un de ces produits, un fond de teint sous forme de poudre minérale, contient ainsi de l'isobutylparaben, "un perturbateur endocrinien avéré, pourtant interdit depuis plus de deux ans" dans l'Union européenne (UE), s'indigne l'UFC. D'autres produits, dont un spray solaire pour enfant, un soin masculin pour les yeux et un gel coiffant pour cheveux contiennent de la MIT, la Methylisothiazolinone, alors même que cet allergisant majeur -souvent utilisé dans des produits non rincés qui restent en contact prolongé avec la peau- est interdit depuis février dans l'UE.
Parmi les nombreux produits dans lesquels se trouvent des perturbateurs endocriniens: des déodorants de la marque Dove ou Nivea, des parfums Hugo Boss, Guerlain ou Kenzo, du maquillage Dior ou Chanel, des baumes à lèvres Nuxe ou Labello, des gels douche Yves Rocher ou Klorane ou encore des shampoings L'Oréal ou Ducray. De nombreux cosmétiques cumulent même plusieurs perturbateurs endocriniens pour un seul produit.
Pour retrouver la liste des substances toxiques pour chaque produit, c'est ici.
La "complexité" de certaines chaînes de distribution
Sollicité par l'AFP, le président de la Fédération française des entreprises de la beauté (Febea), Patrick O'Quin, a également appelé les distributeurs à les "retirer immédiatement du marché, conformément à la réglementation". La "complexité" de certaines chaînes de distribution pourrait expliquer que certains produits non rincés contenant de la MIT soient toujours vendus, bien qu'étant interdits depuis quatre mois, selon la Febea, jugeant en revanche "inexcusable" la présence dans d'autres produits de perturbateurs endocriniens interdits depuis 2015.
L'UFC-Que Choisir en a profité pour exhorter une nouvelle fois la Commission européenne à "publier enfin une définition ambitieuse des perturbateurs endocriniens", en incluant également les ingrédients qui sont suspectés d'en être.
Pas de définition commune
La Commission européenne avait proposé il y a un an des critères de définition, plus de deux ans après la date initialement promise, suggérant qu'un perturbateur endocrinien soit défini comme une substance qui a des effets indésirables sur la santé humaine et qui agit sur le système hormonal, mais avec un niveau de preuve de nocivité trop important pour qu'une substance soit identifiée comme perturbatrice endocrinienne.
Mais cette définition avait été jugée trop étroite par certains États membres, dont la France. Jusqu'à présent, toutes les tentatives pour parvenir à un vote des États de l'UE sur la question ont échoué. Fin mai, le vote a de nouveau été reporté.
Pour consulter la liste des substances indésirables, c'est ici.