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"On m'a volé ma vie": Delphine, victime d'une opération non consentie, doit partir se faire soigner aux États-Unis

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Il y a 11 ans, Delphine a subi une hystérectomie complète. Sans son aval, le chirurgien a décidé de lui poser une bandelette vaginale. Après des années de douleur intense, sans solution en France, elle fait le choix d'aller se faire opérer aux États-Unis, contre des dizaines de milliers d'euros.

Delphine, 55 ans, témoigne les larmes aux coins des yeux. Depuis onze ans, son quotidien est marqué par des douleurs insoutenables. La conséquence d'une opération qui devait la sauver, mais qui s'avère être un nouveau calvaire.

Après la découverte de fibromes dans son utérus en 2013, elle décide de subir une hystérectomie. Mais pendant qu'elle était inconsciente, son chirurgien a décidé de pratiquer une intervention "bonus": la pose d'une bandelette sous-utérale.

Jamais Delphine n'a consenti à la pose de cette prothèse. Un dispositif tristement célèbre pour empoisonner la vie de dizaines de femmes en provoquant des douleurs quotidiennes aigues.

"Cela me fait vraiment comme des règles très, très douloureuses, à la limite de la contraction", témoigne Delphine auprès de BFMTV. L'impression que des aiguilles la transpercent en permanence.

Malgré la prise d'antalgiques puissants, rien n'apaise ses douleurs. Aujourd'hui, Delphine ne peut ni travailler, ni faire du sport, ni avoir de rapports sexuels avec son mari. "On m'a volé ma vie de femme et de maman", regrette-t-elle.

"La Delphine 'd'avant' faisait son jardin, elle s'occupait de ses enfants, de sa maman (...) On ne m'a pas coupé l'herbe sous le pied, on m'a volé la vie", s'émeut la victime d'une mauvaise pratique médicale.

Plus de 30.000 euros à payer pour retrouver sa vie d'avant

La mère de deux enfants raconte avoir découvert récemment qu'elle n'est pas seule dans cette épreuve. Comme elle, d'autres femmes souffrent de cet implant "incrusté dans (leur) chair", que les médecins ne peuvent pas enlever sous peine de provoquer de plus gros dégâts encore.

"Notre seul espoir est ce chirurgien qui œuvre aux États-Unis: le Dr Veronikis est le seul au monde, à notre connaissance, à être capable de retirer entièrement ces prothèses sans occasionner de dégâts supplémentaires", explique-t-elle, citant l'espoir d'être guérie comme d'autres femmes.

Voilà pourquoi, le 23 mars prochain, Delphine prendra l'avion en direction des États-Unis. Un ticket "pour une libération, retrouver (sa) vie". Mais le coût est lourd: 31.000 euros à débourser de sa poche. Pour financer son "opération de la dernière chance", une cagnotte Leechi a été ouverte.

Aux États-Unis, les prothèses posées par voie vaginale ont été classifiées à "haut risque" en 2016 et interdites en 2019. Des procédures judiciaires ont été menées dans le monde anglo-saxon et plusieurs laboratoires ont payé de lourdes amendes, notamment aux États-Unis, pour solder les poursuites.

En France, la pose des implants pour le prolapsus par voie vaginale est suspendue depuis 2019. Ceux posés par voie abdominale et certaines bandelettes sous-urétrales sont toujours autorisés et leur pose est désormais encadrée.

Parissa Javanshir et Mathilde Couvillers-Flornoy avec Tom Kerkour