"On créé du handicap": une pédiatre vient en aide aux jeunes enfants accros aux écrans

Une mauvaise habitude contre laquelle les médecins tirent le signal d'alarme. Depuis maintenant plusieurs années, de nombreuses études insistent sur la nocivité d'une trop grande exposition aux écrans pour les enfants les plus jeunes, qui provoquerait un retard de développement chez certains "accros" à la télévision, smartphones et autres tablettes.
"C’est très délétère pour un tout petit qui est en construction, et ça touche toutes les capacités de l’enfant, le langage, le développement des capacités cognitives, la relation à l’autre, la motricité, la gestion des émotions", confirme à BFMTV le docteur Anne-Lise Ducanda, médecin en PMI et fondatrice du Collectif surexposition écrans.
"Plus il va être dehors, mieux c’est"
Afin de venir en aide aux enfants dans cette situation et à leurs parents, Sylvie Dieu Osika, pédiatre à l’hôpital Jean Verdier (AP-HP) et membre du collectif CoSE, a décidé de mettre en place des consultations dédiées au cours desquelles des conseils sont prodigués.
Le patient du jour, Samuel, est un petit garçon de trois ans qui ne parle presque pas. La consultation, qui débute par un questionnaire de routine, se déporte très vite sur la consommation d'écrans de l'enfant.
"Cinq ou six heures de télévision par jour", confirme sa mère, qui insiste sur le fait que son fils a commencé à regarder la télévision à l'âge de six mois, durant le premier confinement de 2020. "C’est vrai qu’à la période Covid, on pouvait pas sortir, on ne pouvait pratiquement rien faire. Pour pouvoir les occuper je n’ai trouvé que cette solution-là, la télé", admet-elle.
Au fil de la consultation, et sans chercher à culpabiliser les parents, la pédiatre va prodiguer plusieurs conseils afin d'enlever Samuel de l'emprise des écrans. "Plus il va être dehors, mieux c’est", insiste-t-elle.
"Et moi je vais aller plus loin, si vous n’y arrivez pas pour x raisons, je préfère qu’il soit à l’étude jusqu’à 18h, qu’il passe des journées d’enfer, qu’il soit fatigué. Qu’il rentre à la maison à 17h pour regarder la télé, non", ajoute la spécialiste.
Avant 3 ans, c'est non
Il faut dire que les conséquences d'une surexposition des jeunes enfants aux écrans peuvent être dramatiques. "On créé du handicap", accuse Sylvie Dieu Osika, qui pointe de nouveau des difficultés "de langage, de développement des capacités cognitives, de la relation à l’autre, de motricité et de gestion des émotions."
Une liste corroborée par de nombreux travaux, dont les derniers en date proviennent du baromètre de la Fondation pour l'Enfance sur l'impact du numérique sur la santé des enfants, publié en février dernier. L'étude montrait ainsi des troubles du comportement (colère, agressivité) et du sommeil dans 84% des cas de surexposition aux écrans.
Dans une étude publiée en 2016, le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA) avait pointé la nocivité des écrans pour les plus jeunes. Le message accompagné était alors clair: avant ses 3 ans, un enfant n'a rien à faire devant un écran, tactile ou non.