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Nanomatériaux: très petits mais peut-être très dangereux

Nanomateriaux (illustration)

Nanomateriaux (illustration) - -

Les nanomatériaux, composés de particules de l'ordre de l'infiniment petit, sont de plus en plus utilisés dans les cosmétiques, les textiles, les aliments, la peinture. Pourtant l'agence de sécurité alimentaire et sanitaire met en garde contre leur dangerosité potentielle et réclame des règles plus strictes.

Les dangers que comportent les matériaux de l'infiniment petit sont encore largement inexplorés. Mais l'agence française de sécurité alimentaire et sanitaire (Anses) a mis en garde, jeudi, ces risques des nanomatériaux, et a réclamé une réglementation européenne plus stricte.

> Qu'est ce que les nanomatériaux?

Une taille microscopique. Les nanomatériaux sont des matériaux naturels ou manufacturés constitués de particules dont la taille se situe entre 1 et 100 nanomètres, soit 1 à 100 milliardièmes de mètre.

Une utilisation de plus en plus fréquente. "Les nanomatériaux représentent un domaine de la recherche scientifique et technique en pleine expansion" en raison de ces propriétés et leurs applications industrielles, explique dans un rapport l'Anses. "L'utilisation des nanomatériaux est en plein essor et désormais, ils entrent dans la composition de nombreux produits de la vie courante disponibles sur le marché: cosmétiques, textiles, aliments, peintures, etc", indique l'agence.

Des tonnes de produits. Selon un premier recensement officiel pour ce type de matériaux, publié en novembre, 282.000 tonnes de nanomatériaux ont été produites en France en 2012 et 222.000 tonnes ont été importées.

> Quel est le risque, selon l'Anses?

Une méconnaissance scientifique. Les effets de ces nanomatériaux sur l'homme restent encore largement méconnus, faute d'étude. "Il n'existe pas à l'heure actuelle de données" sur la toxicité directe de ces produits sur l'homme "en raison de l'absence d'études épidémiologiques", relève l'Agence.

Des particules qui s'infiltrent. Plusieurs éléments plaident pour la prudence vis à vis de ces nouveaux matériaux. En premier lieu, la petitesse de leurs particules leur permet de franchir les barrières physiologiques, comme la peau ou les muqueuses qui constituent les protections naturelles du corps.

Ensuite, des tests in vitro et in vivo sur l'animal indique une toxicité pour certains d'entre eux.

Malformations et cancers. Des nanotubes de carbone, utilisés comme additifs ou revêtements dans l'industrie, peuvent entraîner le développement anormal d'embryons, causer des cancers ou bien des maladies respiratoires, souligne le rapport. Ils peuvent aussi entraîner des effets toxiques sur l'environnement avec par exemple un effet antimicrobien lorsqu'ils sont dispersés dans le sol.

> Que faut-il faire?

Des études supplémentaires. Des études plus approfondies sur ces nanotubes de carbone et sur leur effet à long terme seraient nécessaires, souligne l'Agence. De manière générale, l'Anses "recommande la mise en oeuvre de projets pluridisciplinaires permettant de développer les connaissances sur les caractéristiques des nanomatériaux et de leurs dangers, tout au long du cycle de vie des produits."

Un encadrement européen. En attendant, l'Agence recommande la prudence et "appelle, dès à présent, à un encadrement réglementaire renforcé des nanomatériaux manufacturés au niveau européen, afin de mieux caractériser chaque substance et ses usages, en prenant en compte l'ensemble du cycle de vie des produits." La règlementation européenne en matière de classification et d'étiquetage (CLP) et celle sur les produits chimiques (REACh) devrait s'appliquer au nanomatériaux afin d'en "renforcer la traçabilité" et de mieux contrôler l'exposition de la population, estime l'Anses.

A. D. avec AFP