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Santé

Naissance du premier «bébé-médicament» en France

La naissance de ce premier « bébé-médicament » permettra à l'un de ses frères atteint d'une maladie génétique de bénéficier d'un traitement par greffe compatible.

La naissance de ce premier « bébé-médicament » permettra à l'un de ses frères atteint d'une maladie génétique de bénéficier d'un traitement par greffe compatible. - -

Un enfant conçu dans le but de soigner l'un des ses frères est né fin janvier à l'hôpital Béclère, près de Paris. L'enfant pesait 3.650 kg et est « en très bonne santé ». C'est la première fois en France qu'un « bébé-médicament » voit le jour.

Le garçon, dont les parents qui habitent le sud de la France sont d'origine turque, se prénomme Umut-Talha (« notre espoir »). Un enfant bien particulier: l'un des buts de sa conception était de soigner l'un de ses aînés, atteint comme son frère d'une grave maladie génétique (bêta-thalassémie).

Pour aboutir à cette naissance, les équipes des professeurs Frydman et Munnich ont multiplié pendant de longs mois les fécondations in vitro d'embryons, jusqu'à en obtenir un qui remplisse deux critères: ne pas être lui-même porteur de la maladie et être compatible avec ses frères pour une future greffe. Umut-Talha, qui s'était avéré compatible avec l'un d'eux seulement, a néanmoins été conservé.
Après avoir été implanté dans l'utérus de sa mère, l'embryon a ensuite grandi comme un futur bébé ordinaire, jusqu'à naître le 26 janvier dernier dans les Hauts-de-Seine, avec un poids de 3.650 kg et « en très bonne santé ». Quelques minutes après l'accouchement, du sang lui a été prélevé (du cordon ombilical). C'est cet échantillon qui sera le «médicament» de l'un de ses aînés, dont la maladie nécessite des transfusions fréquentes.

Néanmoins, selon les spécialistes, cette première française n'est pas une réussite purement thérapeutique. Elle donne aussi l'espoir à des parents de pouvoir donner naissance à des enfants épargnés par de graves maladies transmises par des gènes familiaux, en plus de permettre de soigner des enfants déja existants.

« Ces enfants ne sont pas des médicaments »

Déjà pratiqué depuis une dizaine d'années aux Etats-Unis, ce type de naissance n'avait jamais été réalisé en France. Pourtant, il était théoriquement autorisé en France depuis 2006, d'après la loi de bioéthique de 2004. Le généticien Axel Kahn explique ce matin sur RMC que « Le comité d’éthique avait donné un avis favorable, tout simplement parce que les enfants qui vont naitre ne sont pas des médicaments, ce sont avant tout des petits bébés qui sont voulus pour eux même, mais en plus ils sont en effet le moyen de soigner un aîné et on ne voit pas de réprobation morale dans cette finalité ».