Médicaments mal conditionnés: un décès suspect à Marseille

Le laboratoire Teva, qui fabrique le médicament diurétique Furosémide Teva 40 mg, dont les lots font l'objet d'une mesure de rappel depuis vendredi. Une enquête a été ouverte à Marseille après la mort suspecte samedi soir d'un nonagénaire qui avait pris u - -
Comment des somnifères ont-ils pu se retrouver dans des boîtes de diurétiques ? A Marseille, une enquête a été ouverte après la mort suspecte d'un homme de 91 ans, samedi soir. Des boîtes entamées de Furosémide, médicaments des laboratoires Teva, dont les lots font l'objet d'une mesure de rappel depuis vendredi après la plainte d'une patiente en Ille-et-Villaine, ont été retrouvées à son domicile. Une autopsie a été pratiquée dimanche et le procureur de la République à Marseille Jacques Dallest a indiqué que la « non-prise du bon comprimé peut être à l'origine de l'œdème », précisant que seuls les examens toxicologiques pratiqués dans les prochains jours permettront d'orienter l'enquête avec certitude. Deux lots de 95 000 boîtes de somnifères ont été emballés par erreur comme des diurétiques de marque Furosemide, qui étaient prescrits à la victime. « A la suite d'un problème de conditionnement de boîtes de Furosémide Teva 40 mg, médicament diurétique, certains comprimés ont pu être remplacés par des comprimés d'un somnifère (zopiclone également appelé Imovane) », indiquait vendredi l'Agence de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM). La vente de ces deux lots a été bloquée dès vendredi en collaboration avec le Conseil national de l'Ordre des pharmaciens. Une autopsie doit être pratiquée lundi sur la victime afin de déterminer si la prise des médicaments suspects est en cause. « L'arrêt du traitement par Furosémide peut entraîner une augmentation des œdèmes ou leur récidive ou favoriser une poussée d'insuffisance cardiaque », prévenait vendredi l'ANSM, qui a mis en place un numéro vert (le 0800.51.34.11) et invite les acheteurs des médicaments incriminés à les rapporter à leur pharmacie.
Une enquête de l'agence du médicament
L'agence du médicament, l'ANSM, va envoyer des enquêteurs dès ce lundi sur le site de production des laboratoires Teva, qui produisent le Furosémide. L'usine est située à Sens, dans l'Yonne. Les deux chaînes de production, celles du Furosémide et celle du somnifère vont être passées au peigne fin comme l'a annoncé Marisol Touraine, la ministre de la Santé : « Les autorités sanitaires vont se rendre sur place pour inspecter les lieux et voir comment cet accident de conditionnement a pu se produire. Accident très problématique puisque qu’il a consisté à placer des somnifères à la place de médicament antidiurétique ».
« Il y a peut-être eu des erreurs humaines, on n’exclut aucune piste »
Il s'agit d'« une situation particulièrement exceptionnelle », a déclaré le président du groupe Teva (groupe israélien spécialisé dans les médicaments génériques) en France, Erick Roche. « Aucune piste n'est exclue, ces médicaments ayant été conditionnés sur des lignes différentes à plusieurs semaines d'intervalle » a-t-il ajouté, excluant a priori, la piste d'une erreur industrielle. « A l’heure où je vous parle, explique-t-il sur RMC, nous n’avons pas identifié de cause industrielle à cette erreur. On n’exclut aucune piste. Il y a peut-être eu des erreurs humaines mais aujourd’hui nous ne savons pas. Nous regardons et nous identifierons quelles étaient les causes de ces erreurs de conditionnement. Sur un site de fabrication pharmaceutique nous avons un certain nombre de documents qui retracent l’ensemble des étapes du conditionnement et ce sont ces documents que nous regardons pour essayer de comprendre ce qui a pu se passer ».
La sous-traitance à l'origine du problème ?
L'incident du laboratoire israélien Teva, leader mondial des médicaments génériques, interroge à nouveau sur la fiabilité des génériques. Notamment sur le processus de fabrication, moins maîtrisé que pour les médicaments originaux. Pour le docteur Sauveur Boukris, auteur de "Médicaments génériques, la grande arnaque", la production à grande échelle est sans doute une des causes de ce nouveau drame lié aux médicaments. « Les labos fabricants de génériques produisent à grande échelle, explique ce médecin, et cela peut être source d’erreurs. Mais surtout, ils sous-traitent énormément avec différentes entreprises. Et cette fragmentation de production peut être source d’erreusr et c’est sans doute ce qu’il s’est produit avec Teva, leader mondial des génériques ».