Manque de moyens, retour des patients Covid... une infirmière nordiste dénonce ses conditions de travail

En poste depuis 20 ans, cette soignante redoute les conséquences d'une nouvelle arrivée massive de patients Covid à l'hôpital. Elle témoigne sur BFM Grand Lille.

Au sein de l'hôpital public, des infirmières et infirmiers souffrent en silence. L'une d'entre elles, en poste depuis 20 ans dans un hôpital du Nord-Pas-de-Calais témoigne sur BFM Grand Lille des difficultés des conditions de travail. Avec la crise du Covid-19, cette professionnelle, qui s'exprime anonymement, a désormais le sentiment d'être devenue davantage une agente de propreté, au détriment de son métier de soignante.

"Après chaque patient on doit laver la table d'examen, l'électrocardiogramme, le tensiomètre...", détaille-t-elle. "Sur une matinée, la semaine dernière, c'est 3,3 kilomètres que j'ai effectué parce qu'il faut courir aller chercher le dossier, laver, installer le patient, et dès que le patient est lavé, guetter que le médecin a fini pour venir renettoyer pour la personne suivante".

Des professionnels débordés

Débordée, et après un début d'année chaotique, elle craint l'impact que pourrait avoir la seconde vague de l'épidémie de coronavirus dans les hôpitaux et sur les soignants. "Il y a des malades Covid qui sont présents aujourd'hui, mais aussi tous les patients qui ont une maladie chronique", rappelle l'infirmière.

"La solidarité entre les soignants sera toujours là, mais je suis persuadée que beaucoup d'entre nous n'hésiterons pas à se mettre en arrêt si ça va au-delà de nos forces", prévient-elle.

Pour améliorer la situation à l'hôpital, elle plaide pour un "Ségur 2 de la santé", les annonces du premier n'ayant pas été satisfaisantes. "La reconnaissance n'est pas là, le changement du système de santé n'est pas là. Faites-le avec les professionnels de santé, et pas les administratifs", implore la soignante à l'adresse du gouvernement.

L'objectif pour les défenseurs d'un "Ségur 2", comme cette infirmière, est de pouvoir bénéficier d'une meilleur prise en compte des réalités sur le terrain, notamment une reconnaissance de la pénibilité du travail de nuit avec une revalorisation salariale de tous les acteurs: brancardiers, hôtesses d'accueil, les agents des services hospitaliers, les médecins, les puéricultrices, les sages-femmes etc.

Par Xavier Silly avec Benjamin Rieth