Malgré Omicron, le variant Delta fait de la résistance

Séquençage du virus dans un laboratoire à l'institut Pasteur à Paris, le 21 janvier 2021 - Christophe ARCHAMBAULT © 2019 AFP
Des contaminations qui battent des records quotidiens, avec une moyenne de 194.677 cas positifs chaque jour par rapport à la semaine dernière, en hausse de 110%, 9202 classes fermées en raison de l'épidémie... L'épidémie de Covid-19 ne cesse de s'étendre à une vitesse fulgurante depuis l'apparition du variant Omicron, détecté pour la première fois en Afrique du Sud à la fin du mois de novembre dernier.
Pour autant, si la vigueur épidémique est largement imputable à cette nouvelle souche virale, le variant Delta est toujours présent. A bas bruit, car supplanté par Omicron, mais il n'a pas complètement disparu des écrans radars.
Si les données de criblage et séquençage effectués par les autorités sanitaires avaient un temps cessé d'être communiquées, entre la fin du mois de décembre et ces derniers jours, Santé publique France a finalement dévoilé les chiffres jeudi.
Progression continue d'Omicron
Ces données traduisent une hausse continue de la proportion du variant Omicron parmi tous les cas positifs de Covid-19 détectés depuis la fin du mois de novembre. Les données les plus récentes portent sur la période comprise entre le 28 décembre et le 3 janvier. Dans cet intermède, le variant Omicron est suspecté de concerner 79,1% des cas positifs, contre 20,9% pour son prédécesseur Delta.
A titre de comparaison, entre les 16 et 22 décembre derniers, la proportion estimée d'Omicron était de 36,46%, contre 63,54% de Delta. En trois semaines, la tendance s'est donc largement inversée et la part d'Omicron a plus que doublé parmi les chiffres de contaminations globaux, avec une progression particulièrement forte à partir du 20 décembre.
"Une tendance à ce qu'il y ait de moins en moins de Delta"
Sur BFMTV, l'épidémiologiste Dominique Costagliola, directrice de recherches émérite à l'Inserm, douche les espoirs de ceux qui pensaient qu'Omicron avait etouffé Delta.
"La vague Delta n'est pas du tout terminée, contrairement à ce qu'ont prétendu certaines personnes", estime-t-elle.
"La vague Delta ne s'est pas éteinte, alors elle va peut-être s'éteindre, parce que quand même on voit une tendance à ce qu'il y ait de moins en moins de Delta", poursuit la biostatisticienne, qui rappelle toutefois que ces données sont mises en forme au niveau national, et qu'il existe de fortes disparités selon les régions françaises.
"En région parisienne par exemple, c'est de l'ordre de 90% (de variant Omicron, NDLR) mais en Paca seulement 51%, donc par exemple ce qui fait la crise en ce moment à l'hôpital en Paca c'est Delta", souligne Dominique Costagliola.
"C'est une région un peu moins vaccinée, et c'est ça qui explique qu'il s'agisse de la région où il y a le plus de tension en réa", ajoute-t-elle.
Prudence face à la sévérité d'Omicron
Selon les premières études réalisées à partir des données relatives aux infections imputables à Omicron, ce nouveau variant serait associé à des formes moins sévères chez les malades et une tension moins importante dans les hôpitaux et services de réanimation.
Des informations à recueillir avec prudence pour Dominique Costagliola qui, si elle a bien noté que "la vague actuelle est associée à moins d'hospitalisations mais surtout moins de réanimations", pour la spécialiste, la causalité n'est "pas si claire".
Il n'est pas établi à ce stade que ce soit "lié au virus lui-même ou si c'est lié au fait que ça arrive sur des populations qui sont quand même globalement extrêmement vaccinées", avance Dominique Costagliola.