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Santé

Les terrasses bientôt interdites aux fumeurs ?

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L'association Droits des non fumeurs lance une offensive judiciaire contre les terrasses couvertes qui ne respectent pas la loi. Levée de boucliers côté restaurateurs et syndicats.

L'association Droits des non fumeurs (DNF) passe à l'attaque contre les terrasses couvertes des cafés. Constats d'huissiers à l'appui, elle lance une procédure de citations à comparaître en justice contre une dizaine de cafés ou restaurants, dont les terrasses ne respectent pas, selon elle, la loi d'interdiction de fumer.

De plus en plus de terrasses hors-la-loi ?

Depuis le 1er janvier 2008, il est interdit de fumer dans les lieux publics. Et depuis l'application de cette loi, les terrasses ont poussé massivement sur les trottoirs : en 3 ans en France, elles sont passées de 30 000 à 45 000. A Paris, les demandes ont explosé de près de 27% entre 2007 et 2008. Espaces conviviaux, très prisés en été, les restaurateurs les ont aménagés pour l'hiver : auvent contre la pluie, bâche externe et chauffage contre le vent et le froid...
Et pour assurer le maximum de confort aux clients et ne pas perdre de chiffre d'affaires, certains restaurateurs ont pu se mettre hors-la-loi, reconnaît Robert Vidal, vice président du syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs (SYNHORCAT) : « il doit toujours y avoir un pan important laissé ouvert, soit la façade, soit le toit, soit un grand côté. Une simple porte au milieu d'une terrasse entièrement calfeutrée est insuffisante. Or, dès qu'il commence à pleuvoir ou à faire froid, on a tendance à protéger un peu plus les terrasses ; et c'est là où ça peut déraper. A vouloir trop bien faire, on peut se mettre en infraction. »

« Si la police faisait correctement son travail... »

Tandis que le Synhorcat estime que « de simple rappels à l'ordre auraient été suffisants » et regrette que DNF ait « voulu taper du poing sur la table », Gérard Andureau, président de l'association argumente : « ce que prévoit la circulaire du Ministère, c'est que la façade principale doit être entièrement ouverte. [Sinon] l'air ne peut pas s'évacuer. Les enquêtes que nous avons faites tendent à prouver que la pollution à l'intérieur est presque aussi importante qu'à l'extérieur, lorsque la terrasse est fermée. »

Convaincu que lancer cette initiative judiciaire était nécessaire « pour faire respecter la loi et l'environnement [ndlr, des non-fumeurs], également », Gérard Andureau ajoute : « Toutes les tentatives amiables étant sur le point d'échouer, on est sur le point de demander au juge qu'il prononce des condamnations. [...] Si la police et les gendarmes faisaient correctement leur travail, tel que la loi leur a demandé de le faire, il n'y aurait pas ces problèmes. Même quand on leur demande de le faire, ils refusent ! »

« On ne tient pas des églises, mais des bistrots ! »

Côté restaurateurs, la colère monte. « On ne tient pas des églises, mais des bistrots ! », lance l'un d'eux, très remonté. Beaucoup craignent pour l'avenir de la profession et disent ne pas être au courant des modalités de la loi.
Bruno, directeur général du Bistrot Mazarin, une brasserie du 6ème arrondissement de Paris. Sa terrasse est couverte, cloisonnée et chauffée. « Etonné » que son établissement soit visé par une des citations judiciaires, il se défend : « c'est aéré, ce n'est pas un aquarium fermé. On a même froid parfois, avec la porte, de 2 mètres sur 3,5 mètres, qui est ouverte, une bâche amovible qu'on met quand il pleut. Mes clients, fumeurs et non-fumeurs, trouvent ça honteux et me disent : c'est vraiment chercher la petite bête ! »

« Et puis après, une interdiction sur les trottoirs !? »

Répétant qu'il ne remet absolument pas en question cette interdiction de fumer, le Synhorcat souligne que les effets de celle-ci peuvent être dévastateurs : « le client est bouté hors de l'établissement ; ça a fait perdre un certain nombre d'emplois dans la profession : quand vos recettes au bar tombent de plus de 50%, vous ne gardez pas tout le personnel. Est-ce que c'est un premier pas vers une interdiction dans les terrasses ouvertes ? Et puis après, sur les trottoirs ? »

La rédaction, avec Nicolas Marsan