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Les anciens malades d'un cancer ont obtenu le droit à l'oubli après 10 ans

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Entré en vigueur dans le cadre du plan cancer porté par François Hollande, le droit à l'oubli pour les malades 10 ans après leur guérison est un progrès. Insuffisant néanmoins pour Nathalie, guérie depuis 4 ans et qui ne veut pas attendre pour voir aboutir ses projets.

Une fois la maladie vaincue, le retour à la vie "normale" n'est pas toujours aidée. Après 4 ans passés à guérir un cancer du sein puis des ovaires, Nathalie Ferlay, 44 ans a voulu renégocier son prêt immobilier. Le début pour elle d'un parcours du combattant. Notamment parce que les assurances la renvoient toujours à statut de malade en rémission.

"A la base, trouver une banque qui veuille bien de moi, c'était compliqué parce que je suis obligée de leur parler de ma maladie. D'emblée, ils vous annoncent qu'il leur est impossible de vous assurer parce que les assurances qui travaillent avec eux refusent systématiquement les gens malades", explique Nathalie, commerciale dans une entreprise de transports.

"C'est déprimant. On se dit qu'on n'a pas le droit d'avancer dans la vie comme tout le monde". "Sans assurance, finalement, on a le droit à rien. On n'arrive pas à s'en sortir", confie-t-elle à BFMTV.

"On oublie que chaque cancer est différent"

Pourtant, cette femme dont la philosophie est de toujours regarder devant et qui ne s'est jamais vue malade, n'a plus aucun traitement et bénéficie d'un suivi qui lui permet d'être prise en charge immédiatement en cas de rechute.

"S'agissant d'un problème génétique et ayant éliminé tous les organes qui peuvent être touchés au travers de ce problème génétique, je ne présente plus aucun risque ", affirme-t-elle.

Nathalie regrette que les compagnies d'assurance ne prennent pas en compte les différents degrés et types de cancers.

"Personne ne nous écoute. Il n'y a aucune empathie. On oublie que chaque cas est différent. Que chaque cancer est différent".

Un droit l'oubli après 10 ans

Financièrement Nathalie est perdante. "Aujourd'hui un emprunt à 4,20% peut être renégocié à 1,19%. C'est énormément d'argent sur une durée de 15 ans. Je ne comprends pas pourquoi, moi, je devrais attendre pour renégocier alors que les taux sont en train de remonter", pointe-t-elle.

Si le droit à l'oubli, entré en vigueur ce mardi dans le cadre du troisième plan cancer porté par François Hollande et sa ministre de la Santé Marisol Touraine, est une avancée majeure, il n'est valable que 10 ans après la guérison .

Et forcément, ce délais ne fait pas l'affaire de Nathalie. "C'est aujourd'hui que j'en ai besoin. Demain, il peut m'arriver n'importe quoi. C'est aujourd'hui que je veux construire quelque chose. Le projet c'est le présent", argumente-t-elle. Avec une impatience que l'on peut sans peine comprendre, Nathalie a fini par se tourner, avec succès, vers un courtier pour renégocier son emprunt.

Estelle Gousson avec Alexia Ferré avec Anne-Sophie Warmont