Vittoria Colizza: "Le Conseil scientifique avait dit que la situation s'aggraverait en mars"
Emmanuel Macron a assuré, jeudi soir lors d'une conférence de presse, qu'il ne comptait faire aucun mea culpa pour ne pas avoir reconfiné le pays à la fin du mois de janvier. Il a argué du fait que les "modèles" des scientifiques avaient prévu une flambée de l'épidémie en février, flambée qui n'avait finalement pas eu lieu. Les scientifiques concernés lui ont répondu ce vendredi.
Parmi eux, Vittoria Colizza, directrice de recherches à l’Inserm, spécialiste de la modélisation des épidémies, est intervenue sur notre antenne ce vendredi matin.
"Nous avons fait la première estimation sur le variant britannique le 16 janvier. On a indiqué – avec énormément d’incertitudes à ce moment-là sur les informations que nous avions – que le variant britannique allait devenir dominant vers la fin février et début mars", a-t-elle d'abord noté, ajoutant: "Et fin janvier, le président du Conseil scientifique avait indiqué une situation qui allait s’aggraver vers le mois de mars."
La "clé" de lecture des modélisations
L'évolution de l'épidémie en France a confirmé ces deux projections. Vittoria Colizza a également rappelé la manière à employer pour lire une modélisation scientifique: "Un modèle nous indique toujours des scénarios possibles devant nous selon des conditions mais si on oublie ces conditions on ne plus interpréter les résultats de ces modèles."
"Je pense que la clé, c’est de comprendre ce que le modèle peut indiquer et que les conditions ont changé. Il faut rappeler que le 16 janvier on a mis en place un couvre-feu à 18h et le 16 janvier on n’avait évidemment pas les moyens de l’évaluer. Mais dans le mois de février, on a remarqué qu’il marchait très bien", a-t-elle aussi observé.
