BFMTV
Santé

La ministre de l'Agriculture chez les éleveurs touchés par la dermatose des bovins

Une vache laitière dans une ferme du département de la Loire (France), le 8 juillet 2025. (Photo d'illustration)

Une vache laitière dans une ferme du département de la Loire (France), le 8 juillet 2025. (Photo d'illustration) - Photo par ROMAIN DOUCELIN / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

La ministre de l'Agriculture a rendu visite, ce jeudi 24 juillet, à des éleveurs savoyards dont les cheptels bovins sont exposés à la dermatose nodulaire. Sur place, Annie Genevard s'est heurtée à la colère des exploitants agricoles.

Annie Genevard a défendu, ce jeudi 24 juillet, sa stratégie de lutte contre l'épizootie de dermatose des bovins (DNC) lors d'un déplacement en Savoie et Haute-Savoie, où plus d'un millier de bêtes ont été euthanasiées depuis la fin du mois de juin 2025.

Il s'agit d"'une maladie extrêmement dangereuse par sa contagiosité et la force du virus", a-t-elle déclaré à l'issue d'une "réunion de crise" à Chambéry avec des représentants des éleveurs, élus et autorités des deux départements, relevant un "risque que cela emporte l'ensemble de la filière bovine française" si elle n'était pas enrayée.

Le protocole de lutte mis en place, "sur lequel personne n'a émis de réserve scientifique, en tout cas pas dans les organismes de référence", repose sur l'euthanasie des troupeaux où des cas ont été décelés, la vaccination et la biosécurité, c'est-à-dire que les animaux ne soient pas déplacés.

Le premier cas a été signalé le 29 juin et, en date du 23 juillet, 34 foyers ont été détectés en Savoie et Haute-Savoie, selon le ministère. À ce jour, quelque 1.500 bêtes, pour 33 troupeaux, ont été euthanasiés, selon Christian Convers, secrétaire général de la Coordination rurale et éleveur en Savoie.

"Genevard, t'arrives trop tard"

Ces mesures dites de "dépeuplement" ont suscité une vive émotion dans les zones touchées où certains éleveurs ont tenté plusieurs jours durant de bloquer l'accès à leurs exploitations pour empêcher l'abattage.

Une cinquantaine d'éleveurs et leurs sympathisants se sont rassemblés tôt ce jeudi devant la préfecture de Savoie pour dénoncer le "massacre" de leurs bêtes et appeler à un abattage "sélectif" des animaux malades afin d'assurer la survie de leurs exploitations.

"Genevard, t'arrives trop tard", ont-ils scandé emmenés par la Confédération paysanne et la Coordination rurale.

"On est plus pertinent à être ici (dans la rue) que d'être à l'intérieur pour cautionner un cirque qui encore une fois va amener juste à valider quelque chose qui a été décidé dans les bureaux parisiens", s'est indigné Stéphane Galais, porte-parole de la Confédération paysanne. La ministre aurait dû venir à la rencontre de "ceux qui ont eu des élevages abattus, ceux qui souffrent, en fait, et discuter avec eux de quelles alternatives on peut avoir, quelles projections on va avoir. Parce que là il y a la vaccination: est-ce qu'elle va continuer à tuer les vaches ? C'est ça la question", a-t-il insisté.

Les éleveurs vent debout contre l'euthanasie

Une vingtaine d'autres manifestants était également présents à proximité de la ferme haut-savoyarde où s'est ensuite rendue la ministre, brandissant des pancartes proclamant "Vous êtes des assassins". Cet élevage de Hauteville-sur-Fier, près d'Annecy, qui fournit du lait destiné à l'emmental et la raclette, a commencé dès dimanche à vacciner ses vaches.

Désormais, "le compte à rebours est déclenché. On sait que d'ici le 10 ou 12 août, notre troupeau sera hors de danger. Mais voilà, il reste ces deux semaines où le risque est encore majeur", a souligné l'exploitant, Denis Tranchant.

Mais pour l'heure, "tout le monde a peur", et "humainement, c'est très dur", a-t-il souligné, très ému.

Selon lui, le danger pesant sur la filière bovine française est "réel" et "on ne peut pas bâtir un après-crise sur des reproches". Il s'est déclaré "prêt sans hésitation" à l'avenir à céder des bêtes aux éleveurs devant reconstituer leur cheptel.

La DNC, qui affecte bovins, buffles et zébus, se transmet par piqûres d'insectes comme le stomoxe (une mouche piquante) ou le taon, mais n'est pas transmissible à l'humain, ni par contact avec des bovins infectés, ni par l'alimentation, ni par piqûres d'insectes.

"Je veux saluer et remercier" les exploitants "qui ont accepté ce sacrifice pour sauver l'élevage. Ce sont des héros", a déclaré la ministre, assurant que l'indemnisation "se déploierait rapidement" pour les éleveurs d'animaux euthanasiés, "à la hauteur du préjudice qui a été consenti".

La ministre a également rendu "hommage aux éleveurs qui ont accepté, dans un esprit citoyen et pour protéger l'ensemble des élevages", que leurs troupeaux, où des cas avaient été détectés, soient abattus.

C.D. avec AFP