L'étiquette nutritionnelle débarque: vrai progrès ou poudre aux yeux?

Pas toujours facile de s'u retrouver dans les étiquettes des produits alimentaires. - Philippe Huguen - AFP
Sel, pas "sodium". Huile de palme, pas "graisse végétale". L'Europe veut obliger les industriels à parler clair sur l'emballage des aliments mais le règlement qui entre en vigueur samedi est déjà dénoncé comme une occasion ratée.
L'Inco, "Règlement relatif à l'information sur les denrées alimentaires", entrera en vigueur progressivement jusqu'en 2016 sur tous les produits pré-emballés, afin d'encadrer les mentions et valeurs nutritionnelles obligatoires.
Pour la plupart des détracteurs, un feu tricolore ou tout autre code couleur aurait simplifié l'information du consommateur, mais l'idée a été écartée par les trois années de lobbying et de négociations entre la Commission à Bruxelles, le Parlement européen et l'industrie agroalimentaire.
Mis en évidence des allergènes
Celle-ci défend un vrai travail, "qui garantit une lisibilité renforcée et de vrais progrès, comme la mise en évidence des allergènes", juge Camille Helmer, responsable des Affaires réglementaires à l'Ania, l'association des industriels du secteur.
Elle cite la taille minimale des caractères figurant sur l'étiquette nutritionnelle, au dos du paquet (1,2 mm): "Celle du Journal Officiel est inférieure", note-t-elle (mais on ne l'achète pas non plus en supermarché et la Commission avait demandé 3 mm). Ou la mise en évidence de 14 allergènes, de fait unanimement saluée, tout comme la mention d'une congélation/décongélation.
L'affichage généralisé des acides gras saturés, sel et sucre
Elle fait également valoir les nouveaux tableaux de valeur: ceux déjà présents sur plus de 80% des emballages portaient sur les lipides, protéines, glucides et calories. Ils comporteront dorénavant aussi les teneurs en acides gras saturés, sel et sucre. Et on parlera de "matières grasses" pour être bien compris du consommateur. Chaque valeur sera exprimée pour 100 grammes ou 100 millilitres, de façon homogène.
"Beaucoup de propositions de la Commission ont été conservées et adaptées aux attentes et aux enjeux de l'industrie", soutient Camille Helmer. "On peut être critique, mais c'est un compromis. Un juste milieu entre les exigences des institutions et les attentes de l'industrie."
Mais, pour l'ONG allemande Foodwatch, spécialiste de la dénonciation des fraudes alimentaires, "on ne sera pas mieux informé que par le passé. Ce règlement permet à l'industrie de poursuivre sur la voie des petites ruses légales bien planquées", accuse sa représentante Ingrid Kragl.