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Santé

L’e-cigarette: une aide efficace au sevrage?

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La cigarette électronique est-elle un outil d’aide au sevrage tabagique? Permet-elle de réduire les risques du tabac? Alors que l’usage de celle-ci est répandu en France, ces questions se posent toujours et les chercheurs d'une agence sanitaire française ont tenté d'y répondre. Leurs conclusions sont plutôt mitigées, ce qui ne les empêche pas de penser qu'elle peut s’intégrer dans une logique d’arrêt du tabac.

Faut-il vapoter pour arrêter de fumer? L’e-cigarette reste un produit controversé car en raison de son arrivée récente sur le marché (à la fin des années 2000), aucune donnée à long terme n’est disponible pour évaluer si elle peut être bénéfique ou nuisible pour la santé. Cette dernière fait également l'objet d'un autre débat en ce qui concerne son utilisation en tant qu'outil d'aide au sevrage tabagique puisque les connaissances existantes dans ce domaine sont contradictoires.

C'est pourquoi l'agence sanitaire Santé Publique France a mené une étude pour savoir si l’utilisation de l'e-cigarette par des fumeurs est bien associée à l’arrêt du tabac. "D'une part, les fumeurs qui l'utilisent mais continuent de fumer peuvent croire à tort qu’ils réduisent leurs risques pour la santé. D’autre part, les e-cigarettes sont à la fois attrayantes pour les fumeurs et largement considérées comme un nouvel outil pour arrêter de fumer, ce qui pourrait favoriser les tentatives d’arrêt.", expliquent les auteurs de l'étude.

L’objectif de leur étude était donc de comparer les comportements d’arrêt du tabac entre des fumeurs de tabac exclusifs et des fumeurs utilisateurs réguliers d’e-cigarettes, interrogés à deux reprises à six mois d’intervalle. Une réduction d’au moins 50% du nombre de cigarettes fumées par jour, les tentatives d’arrêt d’au moins 7 jours et l’arrêt du tabac d’au moins 7 jours au moment du suivi à 6 mois ont été les trois principaux indicateurs retenus.

La consommation de cigarettes réduite mais pas stoppée

"En ciblant les vapoteurs réguliers, notre étude apporte une nouvelle perspective, en mettant l’accent sur les fumeurs qui utilisent réellement l’e-cigarette et en ne tenant pas compte des fumeurs qui l’ont simplement essayée ou des utilisateurs occasionnels.", précise-t-ils. Un échantillon de 2 057 personnes a participé au suivi à 6 mois et lors du recrutement, 1 805 étaient des fumeurs de tabac et 252 étaient des vapo-fumeurs (fumeurs utilisant régulièrement une e-cigarette).

Les résultats ont montré que les vapo-fumeurs avaient plus souvent que les fumeurs exclusifs réduit de moitié leur consommation de cigarettes par jour (25,9% contre 11,2%) et avaient également fait plus souvent une tentative d’arrêt d’au moins 7 jours (22,8% contre 10,9%). En revanche, aucune différence significative n’a été observée pour les taux d’arrêt de 7 jours à 6 mois. De fait, le vapotage régulier pourrait avoir un effet seulement à court terme, encourageant les tentatives d’arrêt, mais pas l’arrêt du tabac.

"L’efficacité de l’e-cigarette pour arrêter de fumer reste donc toujours en débat.", indique l'étude parue dans le dernier BEH*. Mais ces résultats mitigés n'empêchent pas les auteurs de conclure que "la propagation des cigarettes électroniques offre un grand espoir aux professionnels de santé ainsi qu’aux acteurs de la lutte antitabac." Selon eux, ces produits pourraient représenter un atout majeur en santé publique si leur efficacité pour arrêter de fumer et leur sécurité étaient prouvées pour de bon.

L'arrêt total, l'objectif principal peu importe la méthode

Autre avis paradoxal, dans un rapport publié en 2014, le HCSP** présentait l’e-cigarette comme "un outil d’aide à l’arrêt du tabac pour les personnes désireuses de sortir du tabagisme" mais soulignait le risque de "renormalisation du tabagisme". Le site Tabac info service précise quant à lui que "l’e-cigarette peut constituer une aide pour arrêter ou réduire sa consommation de tabac. Cependant, l’arrêt complet doit rester l'objectif car, même quand on fume peu, les risques pour la santé sont importants".

Selon ses chiffres, les vapofumeurs diminuent leur consommation en moyenne de 9 cigarettes par jour. Mais même en ne fumant "plus que" quatre cigarettes quotidiennes en parallèle, les risques pour la santé demeurent importants. Il est donc trop tôt pour savoir s'il s'agit de la méthode la plus efficace pour arrêter de fumer, d'autant que les études permettant de mesurer l’efficacité des outils d’aide à l’arrêt du tabac ou de comparer l’efficacité de plusieurs d’entre eux nécessitent plusieurs années d’analyse.

C'est pourquoi aucune cigarette électronique ne dispose d’une autorisation de mise sur le marché en tant que médicament: elle n'est pas considérée comme un produit médical mais un produit de consommation courante. En attendant, les personnes souhaitant arrêter de fumer peuvent toujours participer au "moi(s) sans tabac", basé sur le slogan "un mois sans fumer,
c’est 5 fois plus de chances d’arrêter définitivement" et/ou utiliser des substituts nicotiniques, désormais remboursés à hauteur de 150 euros.

*Bulletin épidémiologique hebdomadaire

**Haut Conseil de la santé publique

Alexandra Bresson