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Journée européenne de la prostate: ce qu’il faut savoir

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- - iStock - jarun011

Le 20 septembre a lieu la journée européenne de la prostate, cancer le plus fréquent chez l'homme. A cette occasion, l'Association Française d'Urologie souhaite sensibiliser les hommes aux problèmes prostatiques et en particulier le cancer de la prostate dont le bénéfice du dépistage n’est pas clairement démontré.

La prostate est une glande masculine dont la fonction principale est de produire un liquide qui joue un rôle dans la survie, la maturation et la mobilité des spermatozoïdes. Elle est aussi le siège de développement d’un des cancers les plus fréquents chez l’homme. Le cancer de la prostate constitue un problème de santé publique important puisqu'il se situe au premier rang des cancers chez l'homme, avec environ 55 000 nouveaux cas par an en France.

Ainsi, l'Association Française d'Urologie (AFU) précise "qu'en France, 1 homme sur 7 sera atteint du cancer de la prostate et un nouveau cas de cancer sur 4 découvert chez les hommes est un cancer de la prostate". Cette dernière se fait la porte-parole en France de la journée européenne de la prostate (20 septembre), l’occasion de sensibiliser et de s’informer sur cet organe masculin et sur ses maladies.

C'est pourquoi l'association invite à poser des questions lors d'un chat Facebook organisé par un groupe d’urologues. Car si la moitié de la population possède une prostate, cela n’en reste pas moins un sujet délicat. "L’homme est en général un mauvais acteur de santé, peu habitué à consulter un médecin. Par ailleurs la prostate est associée à des thèmes comme l’érection.", explique à Santé Magazine le Dr Christian Castagnola, vice-président de l’AFU en charge de la communication.

Les maladies qui peuvent toucher la prostate

Il existe également un risque de présenter d'autres troubles liés à cette glande hormonodépendante, comme l’hypertrophiebénigne de la prostate (HbP), appelée également adénomeprostatique, une conséquence quasi-inéluctable du vieillissement. Cette pathologie peu grave est extrêmement fréquente chez les hommes de plus de 50 ans et entraîne des troubles de la fonction urinaire.

"La prostate est également impliquée dans les troubles mictionnels et une infection appelée prostatite.", précise le Dr Christian Castagnola. Des pathologies qui peuvent à terme entraîner des dysfonctions sexuelles (troubles de l’éjaculation, dysfonction érectile...). Quant au cancer de la prostate, il s'agit d'une maladie silencieuse qui évolue généralement lentement. Il s'écoule en moyenne 10 à 15 ans entre l'apparition de la tumeur et l'évolution de la maladie vers le décès.

Pourtant, il est possible de guérir près de 95% des tumeurs localisées si elles sont prises en charge à temps mais en France, un programme de dépistage systématique n’est pas recommandé par les autorités de santé. Ces dernières ne sont pas tombées d'accord, tant les résultats de grandes études internationales sur le sujet sont contradictoires. Il n'existe donc pas de dépistage national comme c'est le cas pour le cancer du sein.

Se faire oui ou non dépister

Il reste néanmoins la possibilité de réaliser des examens au cas par cas pour détecter précocement une tumeur avant même qu’elle ne provoque de symptôme. C'est pourquoi, les urologues de l'AFU se prononcent pour un toucher rectal et un dosage de PSA, une protéine produite par la prostate et présente normalement en petite quantité dans le sang. Face à une augmentation du PSA, des examens complémentaires seront le plus souvent prescrits pour vérifier la présence d’un cancer.

"Nous parlons de détection précoce plutôt que de dépistage précoce et nous ne prônons pas de dépistage de masse mais une détection précoce individuel car il ne faut pas oublier que la prise en charge d'un patient à un stade métastatique n'est pas la même et que ce cancer ne peut être guéri que quand il est détecté tôt." affirme le Dr Christian Castagnola. L'AFU recommande ainsi un dépistage pour les hommes de 50 à 75 ans à raison d'une fois par an.

Mais leur utilisation fait débat car si ces derniers peuvent donner une indication précoce de cancer, ils peuvent passer à côté. Inversement, ils peuvent amener à faire inutilement une biopsie voire à recevoir un traitement. Selon le Dr Christian Castagnola, "le dosage PSA ne donne pas de réponse 'oui' ou 'non', il faut l’interpréter en fonction de paramètres comme l’âge et l'agressivité de la tumeur. Cet examen doit être considéré comme un outil qui doit s’intégrer dans un contexte de prise en charge plus large."

Pour le médecin, rien ne vaut une bonne information donnée aux patients. Notamment sur le fait qu'un dépistage positif n'aboutit pas forcément à de lourds traitements: si la tumeur est asymptomatique et à évolution lente, une surveillance active peut être proposée pour éviter les surtraitements et leurs effets secondaires. Celle-ci consiste à surveiller le patient avec une fréquence définie par l’équipe de médecins, avec plusieurs examens (toucher rectal, dosage du PSA, biopsie prostatique).

"Environ 30% des patients en moyenne sont suivis de cette façon en France. Les pays qui n’utilisent pas de dosage PSA ont un taux de patients avec un cancer métastatique beaucoup plus important.", fait savoir l'urologue. Même si les avis sur le sujet sont discordants, le plus important est donc que chaque homme soit bien informé pour décider en pleine connaissance de cause d'effectuer ou non un diagnostic précoce individuel.

Alexandra Bresson