BFMTV
Santé

Jour J pour des centaines de Cannabis Social Clubs

Les Cannabis Social Club prônent une culture et une consommation libre du cannabis sans en faire commerces.

Les Cannabis Social Club prônent une culture et une consommation libre du cannabis sans en faire commerces. - -

Ce lundi, des Cannabis Social Clubs – des communautés de producteurs et consommateurs de cannabis qui n’en font toutefois pas commerce – vont aller se déclarer comme associations auprès des préfectures. Une façon de lancer le débat pour certains, « une fumisterie » pour l’UMP.

Connaissez-vous les Cannabis Social Clubs (CSC) ? Ces structures d’un genre particulier – il y en aurait 400 en France – ont décidé de sortir de l’ombre ce lundi en déposant leurs statuts en préfecture. Ces groupements de personnes qui cultivent du cannabis et partagent leur production entre eux sans en faire commerce prônent la dépénalisation du cannabis et l'autoproduction. En se déclarant comme des associations loi 1901, ils veulent faire reconnaître légalement leur activité (comme cela se fait déjà en Espagne et en Belgique) et ouvrir le débat.
Autour de 16h, des membres des CSC vont donc se rendre dans les préfectures dans la Creuse, l'Indre-et-Loire, la Charente-Maritime, la Vendée ou encore la Loire-Atlantique même si, faute de temps pour écrire leurs statuts, tous les Cannabis Social Club ne franchiront pas le pas ce lundi.

« C’est un crime alors que ça ne devrait pas l’être »

A 60 ans, Marie-Jeanne a une grande fille de 33 ans et fume du cannabis depuis 47 ans à raison de deux ou trois joints par jour. « J’ai fumé mon premier joint avec un ami à 13 ans, et je fume toujours, pas plus qu’à l’époque. Toute ma vie, j’ai fumé d’une manière sereine », témoigne-t-elle sur RMC. Depuis une dizaine d'années, elle cultive même son propre cannabis, quelques plants installés devant la fenêtre de son appartement. « Je ne me fais plus de souci, j’ai ma production, je n’embête personne, je peux vérifier qu’il n’y a pas de saleté, et ça me coûte moins cher ». Mais si elle assume, elle ne veut pas en faire l’apologie pour autant. « C’est vrai que pour les jeunes, il ne faut pas dire qu’il faut fumer. Mais j’ai toujours rêvé de pouvoir descendre au café du coin acheter un joint. C’est un crime alors que ça ne devrait pas l’être ».

« Un moyen de faire changer les mentalités »

Même point de vue pour Yves Contassot, conseiller EELV de Paris, pour qui les Cannabis Social Clubs sont un bon moyen de relancer le débat sur la dépénalisation du cannabis. « C’est d’abord un moyen de faire changer les mentalités et, qu’un jour ou l’autre, on sorte de l’hypocrisie qui règne un peu partout. Il y a des millions de consommateurs en France, y compris dans la classe politique, et on ferme les yeux en disant non non non, ce n’est pas bien, ce n’est pas moral. Le cannabis, comme d’autres substances, doit être traité non pas par la prohibition, mais par le contrôle, la légalisation, et surtout par des politiques de santé publique ».

« Une fumisterie »

Mais pour la déléguée générale adjointe de l'UMP Valérie Debord, il s’agit d’une « fumisterie ». Le parti s'est prononcé contre la dépénalisation du cannabis. « Ce n’est pas parce qu’ils déposent des statuts en préfecture qu’ils deviennent légaux. La production, la consommation restent illégales en France. Ce n’est pas parce qu’on emploie des moyens détournés pour essayer de faire en sorte de légaliser la consommation qu’il faut tomber béatement dans le panneau. Cette substance est interdite, on sait très bien que si elle n’était plus interdite, de nombreux jeunes se rueraient sur cette consommation de drogues soi-disant douces, ce serait un rempart qui serait franchi, c’est complètement inadmissible ».
Dominic Broc, le porte-parole du mouvement, espère que l’ouverture du débat permettra de faire changer les choses. Interpellé et placé en garde à vue fin février pour détention illégale de cannabis après avoir annoncé dans la presse qu'il cultivait des plants chez lui, il est convoqué au tribunal correctionnel de Tours le 8 avril.

Mathias Chaillot avec Jean-Baptiste Durand