"Jamais vu ça": miracle dans l'Oise, une femme survit après 4 heures de massage cardiaque

Des médecins du Samu pratiquent un massage cardiaque sur un mannequin, lors d'une séance d'entraînement, à l'hôpital Émile Muller, de Mulhouse, le 26 juin 2023 (ILLUSTRATION) - Sébastien BOZON / AFP
Elle a échappé au pire. Une jeune femme de 22 ans a survécu à une hypothermie et à un arrêt cardiaque après 4 heures de massage cardiaque, rapporte Le Parisien ce vendredi 21 mars. Un petit miracle, selon l'équipe médicale.
"Nous n'avions jamais vu ça", assure auprès du quotidien la docteure Estelle Renaud, cheffe de structure du service réanimation du Groupe hospitalier public sud de l'Oise (GHPSO).
"Nous avons recherché des cas similaires dans la littérature scientifique, mais nous n'avons rien trouvé. Ça ne veut pas dire que ça n'existe pas, mais c'est rarissime", explique-t-elle.
Un rythme cardiaque "anarchique"
La jeune femme est retrouvée inconsciente dans une rue de Nogent-sur-Oise le 9 février dernier. Alors qu'il ne faisait que 3°C ce matin-là, la patiente souffre d'hypothermie, son corps ne dépassant pas la température de 25°C au lieu des 37°C habituels. Elle a en plus subi un arrêt cardiaque.
Rapidement, une équipe de sapeurs-pompiers arrive sur place et lui délivre un massage cardiaque, avec injection d'adrénaline.
"En temps normal, le cœur bat comme un métronome, là c'était complètement anarchique", se souvient la Dr Estelle Renaud.
Le défibrillateur utilisé plus de 40 fois
Pour tenter de la réveiller, les médecins utilisent ensuite un défibrillateur. "Plus de 40 fois, alors qu'en général 10 à 15 coups, c'est déjà beaucoup pour ce cas de figure", explique la médecin de l'Oise.
Malgré l'insistance des médecins, les massages cardiaques restent sans succès. La jeune femme inconsciente est donc transportée aux urgences.
Cette fois, les massages cardiaques sont effectués par une machine. Les médecins continuent en parallèle d'essayer de la réanimer avec le défibrillateur et grâce aux piqûres d'adrénaline. Mais la patiente ne répond toujours pas aux soins pratiqués. Elle est alors transférée au service de réanimation.
"Aucune séquelle neurologique"
Après encore deux heures d'effort, la température de son corps remonte enfin nettement, jusqu'à 32°C. Une première victoire.
"Et là, elle a ouvert les yeux", se souvient avec émotion la médecin.
Ce réveil s'avère d'autant plus miraculeux que la jeune femme ne présente aujourd'hui "aucune séquelle neurologique", même si ses organes ont "souffert" des nombreux massages cardiaques.
"C'est paradoxalement l'hypothermie qui l'a protégée"
Comment expliquer un tel scénario? Selon la Dr Estelle Renaud, c'est "paradoxalement l'hypothermie qui l'a protégée".
"Le corps se met comme en hibernation, particulièrement le cerveau", ce qui a permis de préserver tous les organes vitaux, explique la médecin.
La cheffe du service réanimation de l'hôpital de l'Oise rappelle par ailleurs que c'est aussi la réactivité des secours qui a permis de sauver la jeune femme. "Si quelqu'un s'écroule, il faut appeler le 15 et si elle ne respire pas, il faut masser", dit-elle, soulignant l'importance du "timing" dans ce genre de situation.