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J'ARRÊTE LE SUCRE #8 - Troisième semaine: pourquoi j'ai le droit de m'accorder une (seule) douceur

(Photo d'illustration)

(Photo d'illustration) - Joël Saget-AFP

J'ARRÊTE LE SUCRE #8 - Quelques accidents au menu de cette troisième semaine sans sucre, parmi lesquels une tarte aux poires, des mini-viennoiseries et une boule de glace trop sucrée. Pourtant, j'y aurais (presque) droit.

>> Cet article est l'épisode 8 de notre série "J'arrête le sucre"

En cette fin de troisième semaine sans sucre, j'ai un peu honte. Quelques jours de vacances en Normandie ont suffi à mettre à mal mes bonnes résolutions. J'ai en effet décidé d'arrêter de manger du sucre.

Non pas les glucides présents naturellement dans les céréales, fruits et légumineuses, mais tous les sucres ajoutés et les nombreux édulcorants qui se cachent dans les produits transformés, industriels, mais aussi les conserves, sauces ou la charcuterie. On les retrouve d'ailleurs sous diverses appellations, telles que sirop de malt, dextrose, amidon de blé ou encore maltodextrine.

Attention au sirop de glucose-fructose

Stéfane Guilbaud, formateur en changement de comportements alimentaires et auteur de Je ne mange pas de produits industriels, se méfie particulièrement du sirop de glucose-fructose, également appelé sirop de maïs, isoglucose ou sirop à haute teneur en fructose (high fructose corn syrup, HFCS). Il est présent dans de nombreux produits industriels, des glaces, aux gâteaux en passant par les crèmes desserts.

"Si le fructose est naturellement présent dans les fruits, ce produit n'a rien de naturel, dénonce-t-il pour BFMTV. C'est une substance de synthèse à l'origine des stéatoses hépatiques et des syndromes métaboliques. Le sirop de glucose-fructose dépasse tout entendement. Nous n'avons pas les capteurs-récepteurs. On peut en boire des litres sans que le corps ne soit averti. On en trouve partout, même dans les biscuits pour enfant, ce qui conditionne l'addiction dès le plus bas âge."

Si le glucose est régulé par l'insuline, ce n'est pas le cas du fructose, qui -consommé hors fruits- provoque une accumulation de graisse dans le foie. Comme le détaille une biologiste du CNRS, il est accusé de développer la masse grasse viscérale et de faire augmenter le mauvais cholestérol.

Yaourt nature agrémenté de fruit de la passion

Cette troisième semaine avait pourtant bien commencé. Après avoir craqué quelques jours plus tôt sur un délicieux tiramisu maison à l'occasion d'un déjeuner en famille, je m'étais reprise en main. Au petit-déjeuner, la confiture était toujours autant bannie au profit de salades de fruits que je me préparais chaque jour.

"L'important, pour les personnes qui ont une addiction au sucre, c'est dans un premier temps de se diriger vers des sucres naturels et de réduire sa consommation de sucres industriels. Si l'on transfère son apport en sucres venant de biscuits vers des fruits, cela ne pose pas de problème. Cinq fruits par jour, ce n'est pas mauvais contrairement à cinq produits sucrés comme des gâteaux, des bonbons ou des sodas", explique pour BFMTV Valérie Espinasse, micronutritionniste et auteure de J'arrête le sucre.

En dessert, je me contentais toujours de yaourts natures agrémentés de morceaux de fruits (je me suis découvert un amour pour le fruit de la passion) et je gardais le cap sur le café sans sucre et sans chocolat (il s'agit souvent d'une amende enrobée, méfiance).

"Tarte aux poires et son caramel laitier au pommeau"

Mais voilà, la mer, les mouettes et les embruns m'ont un peu embrouillé les papilles. Dès le premier soir, je n'ai pu résister à une "tarte aux poires et son caramel laitier au pommeau" au menu d'un restaurant de poissons et fruits de mer. Pas mieux le lendemain matin à la table du petit-déjeuner. Les mini-viennoiseries m'ont tout bonnement appelée -il se pourrait que j'en ai subtilisé quatre. Le même accident se reproduira le lendemain matin.

Au second soir, je tente de me contenter d'une soupe de poisson et d'amandes farcies mais je ne parviens pas à museler cette envie et fais comme les autres: je commande une glace. Je tiens tout de même à préciser que, "avant", une glace c'était pour moi minimum trois boules avec supplément chantilly. Je me suis limitée ce soir-là, prouesse, à une seule au café. Mon plaisir n'a malheureusement pas été à la hauteur de ce que j'espérais: cette boule de glace m'a paru trop sucrée. 

S'il m'est arrivé de craquer dans un contexte familial ou récréatif, finalement, ce n'est pas si grave. C'est ce que m'assure Valérie Espinasse. "Limiter sa consommation de sucre, oui, mais pas pour autant supprimer la pâtisserie du dimanche. Le sucre, s'il peut être une addiction, est aussi un plaisir. C'est pour cela qu'il ne faut pas s'interdire une douceur de temps en temps mais plutôt supprimer la consommation de sucres ajoutés tout au long de la journée." Il est vrai que cette analyse arrange bien mes affaires.

Améliorer la qualité nutritionnelle de ses repas

Les nutritionnistes sont unanimes: réduire sa consommation de sucre passe d'abord par une amélioration de la qualité nutritionnelle de ses repas, avec davantage de fait maison, des matières brutes de meilleure qualité et la suppression des produits transformés et industriels. Ce à quoi je tente de m'astreindre depuis trois semaines, à l'exception des accidents "tranches de cake" de la deuxième semaine et "boule de glace normande". 

Marion Thelliez, naturopathe et auteure de Je me libère du sucre, a développé une méthode en huit semaines pour se débarrasser de cette addiction. Elle recommande d'opter pour une stratégie progressive. Son objectif: réduire sa consommation de sucre "sans heurt".

"La première semaine, on réduit la consommation de sucres non naturels. On fait soi-même ses pâtisseries, on choisit des sucres de meilleure qualité. Il faut tout de même se rendre compte que l'on consomme 35 fois plus de sucre qu'il y a un siècle", explique-t-elle à BFMTV. 

Au japonais, des brochettes de poissons sans sauce

La deuxième semaine, cette naturopathe conseille de supprimer les sucres ajoutés pour ne conserver que les sucres naturels, comme les fruits, à volonté. "Cela demande de cuisiner soi-même", admet-elle. En effet, contrôler, voire limiter considérablement, sa consommation de sucres nécessite de prendre le temps de réfléchir à ses repas et un minimum d'organisation.

Un midi, je fais du lobbying pour ne pas échouer dans un snack peu "sans sucre compatible". Mes collègues proposent alors un restaurant japonais, je sais qu'il va falloir me méfier. Lors de la commande, j'insiste lourdement auprès de la serveuse pour que mes brochettes de poissons soient servies sans sauce et renonce à la salade de choux. Le riz est blanc, trop cuit et certainement sucré, tant pis.

Le choix de manger sans sucre peut difficilement rester discret et je crains parfois d'embêter le monde avec mes questions sur la présence ou non de sucre dans tel ou tel produit. Mais ce choix trouve en général un écho favorable et permet souvent d'engager la discussion.

S'accorder un "moment sucré"

La semaine 3, Marion Thelliez invite à arrêter les sucres naturels à volonté, "on en garde le moins possible. Selon le profil, c'est plus ou moins drastique." Dès la semaine 4, les fruits peuvent être réintroduits et à partir de la semaine 6, il est possible de s'autoriser "un moment sucré."

"Quand on reprend le sucre, on note ses moments sucrés: une coupe de Champagne, des sushis, du pain blanc ou une boisson sucrée, cela compte à chaque fois pour un. Ce n'est pas grave d'avoir un moment sucré, ça l'est plus s'il y en a dix par jour. Et c'est très facile de faire exploser le compteur." 

Marion Thelliez préconise ainsi "pas plus de trois moments sucrés par semaine". J'y suis (presque).

https://twitter.com/chussonnois Céline Hussonnois-Alaya Journaliste BFMTV