Le nombre d'IVG poursuit sa hausse en 2023 et atteint un niveau jamais vu depuis 30 ans

Une manifestante tient une banderole sur laquelle on peut lire "Mon corps, mon choix" lors d'une manifestation à Paris le 17 janvier 2015 pour défendre les droits des femmes, améliorer l'accès à l'avortement et marquer le 40e anniversaire de la loi Veil légalisant l'avortement en France. - LIONEL BONAVENTURE / AFP
Une légère hausse de 3,6%. 243.623 interruptions volontaires de grossesse (IVG) ont été réalisées en France en 2023, annonce la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) ce mercredi 25 septembre. Soit 8.600 de plus qu'en 2022. Un chiffre record depuis 1990, mais qui n'est pas "alarmant", explique à BFMTV Sarah Durocher, présidente du Planning familial.
"Pour nous, il n'y a rien d'alarmant", affirme-t-elle. "Ce n'est pas une hausse extraordinaire. Ça fait 30 ans qu'on est sur une tendance à l'augmentation des IVG, une tendance assez légère", assure également à BFMTV Annick Vilain, autrice du rapport de la DREES.
La présidente du Planning familial pointe toutefois les raisons potentielles de ces nombreuses IVG. "On peut s'interroger sur les questions de contraception, d'accès à la santé sexuelle, l'accès à l'information et l'éducation à la sexualité".
"Il faut aussi voir ça comme un progrès"
Depuis 2001, la loi rend obligatoire l'éducation à la sexualité, à raison d'au moins trois séances annuelles dans les écoles, collèges et lycées. Mais "cette obligation n'est pas respectée", regrettait le Cese début septembre.
Selon les données de la DREES, 5,6% des avortements réalisés en 2023 concernent des femmes âgées entre 15 et 17 ans. Ce taux monte à 14,6% dans les Outre-mer, et à 21,9% en Guyane.
Concernant le nombre d'IVG, "il y a eu des efforts de faits pour permettre par exemple des avortements sous anesthésie locale dans des centres de santé", souligne au micro de BFMTV la gynécologue Marie Msika-Razon. "Ça a aussi été rendu possible jusqu'à 9 semaines d'aménorrhée dans les cabinets de ville".
"Il faut aussi voir ça comme un progrès: les femmes, quand elles en ont besoin, peuvent accéder à une IVG", explique-t-elle.
"Entre 2022 et 2023, les taux de recours augmentent pour toutes les classes d’âge chez les femmes majeures, avec une hausse plus marquée pour les 20-34 ans, où les IVG restent les plus fréquentes", note la DREES.
Selon les données de la Direction de la recherche des études, de l'évaluation et des statistiques, la méthode médicamenteuse représente 79% de l’ensemble des IVG.
Près de 3.200 professionnels de santé ont pratiqué au moins un avortement en cabinet de ville dans l’année. Au total, 16,8 femmes sur 1.000 ont eu recours à l'IVG cette année.
"En établissement de santé, trois IVG sur quatre ont lieu entre 5 et 9 semaines d’aménorrhée", précise en outre la DREES. Les IVG dites tardives, réalisées à partir de 12 semaines d'aménorrhée, représentent elles 9,5 % de l’ensemble des IVG hospitalières.