Grippe saisonnière: aura-t-on suffisamment de vaccins en cas de hausse de la demande?

C'était une des craintes des professionnels de santé lors de la première vague du coronavirus: un nouveau pic de contaminations à l'automne lorsque les maladies infectieuses classiques commenceront à émerger. Et parmi ces maladies, la grippe saisonnière est particulièrement redoutée, surtout avec la multiplication actuelle des cas de Covid-19 dans toute la France.
Fin septembre, dans le JDD, une tribune de 75 députés de la majorité appelait ainsi les Français à se protéger "massivement" contre la grippe. "A l’approche de l’hiver, le risque est grand de voir s’entrechoquer le Covid-19 avec la grippe, elle-même responsable de 10.000 morts environ chaque année", expliquent les signataires.
Pour rappel, les campagnes de vaccination visent avant tout les personnes de plus de 65 ans et les personnes à risques. Pour ces deux catégories, le vaccin est remboursé en totalité. Tous les autres peuvent aussi se faire vacciner, mais à leur frais. Ce jeudi 13 octobre débute la campagne nationale de vaccination, une campagne 2020 que les laboratoires ont anticipé depuis plusieurs semaines.
Taux de couverture faible
Cette année sera évidemment particulière. Si la Haute Autorité de santé, saisie début juin par le Directeur Général de la Santé (DGS), n'a pas souhaité modifier la stratégie prévue, le gouvernement s'est préparé à un afflux de demandes des patients. Notamment parce que l'accent sera aussi mis sur la vaccination du personnel soignant.
"Le taux de couverture vaccinale de ces populations peut être amélioré" indique d'ailleurs le ministère de la Santé. "Il est de 47,8% pour la population recommandée. S’agissant des professionnels de santé, il oscille globalement entre 32 % pour les Ehpad et 35 % pour les établissements de santé."
Les taux devraient donc augmenter pour ces catégories tandis que le vaccin pourrait aussi connaître un certain succès auprès du reste de la population, inquiète pour cet hiver.
30% de doses en plus
Pour cette campagne vaccinale, le nombre de doses de vaccins s’élèvera donc à 15,6 millions de doses soit une hausse de 30% par rapport aux nombre de doses ayant servi à vacciner en 2019. Concrètement, plus de 13 millions de doses ont été commandées par les pharmacies et les collectivités auprès des laboratoires. "En complément, l’Etat a, pour la première fois, procédé à la commande de doses supplémentaires (2,5 millions de doses) dans le cadre d’un stock d'Etat", souligne le ministère de la Santé, qui assure que l'approvisionnement sera maintenu avec les laboratoires pendant toute la campagne de vaccination.
"C'est trop peu" critique Gaëtan Gavazzi, infectiologue et professeur de gériatrie au CHU de Grenoble. "Rien que les personnes à risques représentent plus de 15 millions de personnes et les doses doivent leur être réservées."
A moins d'une vaccination généralisée (et donc obligatoire) sur la population entière, la vaccination des catégories non sensibles risquerait finalement de diluer les stocks qui, à l'instar des masques, ne pourront être reconstitués rapidement en cas de forte demande.
Actuellement, trois laboratoires fabriquent des vaccins remboursés par l'Assurance maladie: Sanofi Pasteur (VaxigripTetra et Efluelda), Mylan (Influvac Tetra) et GSK (FluarixTetra). GSK avait suspendu en 2018 la mise à disposition de son vaccin, "compte tenu des volumes mis à disposition par deux autres laboratoires". Mais le laboratoire se tient "à la disposition des autorités pour réévaluer la situation et contribuer à répondre aux besoins du marché français".
Ce lundi, Olivier Bogillot, président de Sanofi France, confiait à l'AFP que la production de vaccin contre la grippe du groupe avait augmenté de 20%. "Les usines de production de vaccin anti-grippe travaillent sept jours sur sept en ce moment", explique-t-il.