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Santé

Grippe aviaire H5N1: faut-il s'inquiéter après la contamination d'un homme par une vache aux États-Unis?

Des vaches, à Quemado, Texas, aux États-Unis, le 14 juin 2023.

Des vaches, à Quemado, Texas, aux États-Unis, le 14 juin 2023. - Brandon Bell / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Les experts s'inquiètent du nombre croissant de mammifères infectés par l'influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) et sa souche H5N1 (ours, éléphants de mer, chiens, vaches...), et de son potentiel de propagation entre mammifères, même si les cas chez les humains sont très rares.

Une personne a été testée positive à la grippe aviaire après avoir été infectée par une vache laitière au Texas, ont annoncé les autorités américaines ce lundi 2 avril, alors que l'inquiétude grandit autour du virus.

Il s'agit du deuxième cas de personne testée positive à la grippe aviaire aux États-Unis, après que le virus a rendu malade des troupeaux au Texas, au Kansas et dans plusieurs autres États au cours de la semaine dernière.

"Le patient a signalé une rougeur des yeux (correspondant à une conjonctivite), comme seul symptôme, et se rétablit", ont précisé les autorités, ajoutant qu'il a été isolé et traité avec un médicament antiviral utilisé pour la grippe.

Risque considéré comme "faible"

Pour les autorités sanitaires, cette infection ne change pas leur évaluation du risque pour la population américaine, considéré comme "faible". Un premier cas avait été découvert dans le pays en 2022, dans le Colorado, mais il s'agissait d'une infection par des volailles.

Depuis, chèvres et vaches ont été touchées, à la surprise des experts. "Si nous continuons de trouver des foyers de contamination au sein de vaches, cela signifie qu'il faudra surveiller les vaches", estime Louise Moncla, chercheuse à l'école vétérinaire de l'Université de Pennsylvanie.

"Cela constituerait un grand changement dans notre manière de comprendre ces virus".

Vigilance renforcée

Le virus est connu et redouté depuis des décennies car certaines de ses souches ont déjà ravagé bien des élevages de volailles. Depuis l'été 2021, il a provoqué la mort et l'abattage de millions de volailles en Europe. La France en a abattu plus de 30 millions entre l'été 2021 et l'an dernier.

Après avoir fait une hécatombe chez les oiseaux, sauvages notamment, le virus touche également de nombreux mammifères. La liste d'animaux, loups de mer, ours polaires, chiens..., que l'on pensait "insensibles" au virus s'allonge. Comme le rappelle Libération, la maladie aurait tué 17.000 éléphants de mer en Argentine et 5.000 lions de mer au Pérou.

Les transferts de mammifères à mammifères (humains compris) sont extrêmement rares. Mais vu la vitesse de propagation du virus dans le monde sauvage et les élevages, l'hypothèse d’une nouvelle mutation dans les mois ou années à venir n'est pas écartée, ce qui augmenterait le risque pour les humains.

Les autorités américaines estiment que les personnes en contact étroit avec des animaux, y compris désormais des vaches, présentent un risque accru d'infection. Une alerte sanitaire a été émise invitant les professionnels de la santé à être vigilants quant aux signes et symptômes de la grippe aviaire.

Une transmission d'humain à humain?

Un enfant de neuf ans, porteur de la souche H5N1, est mort de la grippe aviaire au Cambodge en février, après trois décès dans le même pays en 2023.

"Pour l'instant, le grand public n'a pas vraiment de raison de s'inquiéter", estime Louise Moncla.

S'il y a chaque année de rare cas de grippe aviaire chez l'humain, il s'agit généralement de personnes exposées à des oiseaux morts.

"Les premiers tests n'ont pas montré de changement dans le virus qui le rendrait plus transmissible vers les humains", a annoncé le ministère de l'Agriculture, les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) et l'Agence américaine du médicament (FDA), dans un communiqué la semaine dernière, ajoutant que les vaches avaient été infectées par des oiseaux sauvages.

La grande question est désormais de savoir si ce virus peut désormais se transmettre plus facilement entre humains.

Des risques pour le lait?

Selon les autorités texanes, l'infection des bovins ne présente pas de problème pour la commercialisation du lait, car les laiteries sont tenues de détruire le lait des vaches malades. La pasteurisation tue également les virus.

Elles ont par ailleurs assuré s'efforcer d'aider les laiteries touchées à limiter l'exposition de leurs employés et à surveiller et tester ceux travaillant avec du bétail infecté.

Les cas de vaches laitières infectées par l'IAHP sont une première aux États-Unis, selon l'Association américaine vétérinaire. Le 20 mars, le Minnesota avait découvert des cas de grippe aviaire parmi de jeunes chèvres.

"La détection de l'IAHP, d'abord chez des chèvres puis chez des vaches laitières, souligne l'importance du respect des mesures de biosécurité, de la vigilance dans la surveillance de la maladie et l'intervention immédiate de votre vétérinaire quand quelque chose semble clocher", a indiqué Rena Carlson, présidente de l'Association américaine vétérinaire, dans un récent communiqué.

Salomé Robles avec AFP