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Santé

Greffe rénale: six patients opérés simultanément, une première en France

Des chirurgiens effectuent une transplantation rénale (photo d'illustration)

Des chirurgiens effectuent une transplantation rénale (photo d'illustration) - PIERRE-PHILIPPE MARCOU

En 2024, trois greffes rénales par dons croisés ont été réalisées simultanément en France. Jusqu'alors, seuls les dons croisés avec deux paires de donneurs et receveurs étaient autorisés par la loi.

C'est une première en France. En 2024, trois greffes rénales impliquant six paires de donneurs/receveurs ont été réalisées simultanément entre les hôpitaux de Reims et de Bordeaux, indique l'Agence de la Biomédecine dans un communiqué.

Ce premier "triplet" rendu possible grâce à des dons croisés marque une étape importante pour l'appariement des patients atteints d'insuffisance rénale chronique terminale.

Le don croisé, autorisé en France par la loi de bioéthique du 7 juillet 2011, intervient lorsqu'un donneur vivant volontaire est incompatible avec son proche receveur. Dans ce cas, la loi autorise le croisement de greffe avec une autre paire donneur/receveur compatible se trouvant dans la même situation d'incompatibilité mutuelle.

Depuis le 2 août 2021, la nouvelle loi relative à la bioéthique autorise désormais jusqu'à six paires de donneurs/receveurs, permettant ainsi d'augmenter l'accès à la greffe pour des milliers de patients.

Six opérations dans un délai maximal de 24h

La greffe de rein, lorsqu'elle est possible, représente le traitement de choix de l'insuffisance rénale terminale. Elle permet d’assurer normalement toutes les fonctions du rein, d'améliorer l’espérance et la qualité de vie du patient.

Si la greffe d'organe est une opération complexe, la transplantation simultanée de trois reins a représenté "un défi organisationnel et médical considérable", pour les équipes du CHU de Reims et de Bordeaux.

"Ainsi au total, six opérations liées les unes aux autres ont eu lieu, dans le délai maximal de 24h fixé par la loi", indique le communiqué.

"Cette prouesse témoigne de l'expertise et de la coordination exceptionnelles des équipes médicales et soignantes des deux CHU sous l’égide de l’Agence de la biomédecine".

Le CHU de Reims est engagé depuis plusieurs années dans le développement de la greffe rénale à partir de donneurs vivants. En 2022, l’établissement avait déjà réalisé sa première greffe par don croisé.

Un second triplet prévu fin 2024

L'exploit réalisé par les équipes médicales s'inscrit dans le programme de dons d'organes de l’Agence de la biomédecine. Chaque mois, l'établissement recherche les appariements possibles entre les patients en attente d’une greffe rénale ayant un proche incompatible, mais volontaire pour donner.

"Plus le nombre de paires donneur-receveur inscrites est élevé, plus il existe de chances d’identifier des paires compatibles entre elles au niveau national", indique l'Agence.

Pour parvenir à un croisement de compatibilité entre différents donneurs/receveurs, l'Agence déploie des algorithmes mathématiques capables de trouver une compatibilité sanguine et immunologique entre donneur et receveur. Elle participe ensuite à la synchronisation des interventions chirurgicales entre les différents établissements de santé aux côtés des équipes hospitalières.

Un second triplet de greffes rénales issues de donneurs vivants aura lieu d’ici la fin de l'année. Selon l'Agence de la Biomédecine, la greffe à partir de donneur vivant a fait davantage ses preuves que celle réalisée à partir d’un donneur mort.

"Dix ans après la greffe, la survie des greffons prélevés sur donneurs vivants est de 76,3 % contre 61,4 % pour les greffons à partir de donneurs décédés", précise-t-elle.

Orlane Edouard