Gaz hilarant: les médecins alertent sur les graves séquelles laissées par le protoxyde d'azote

Également appelé "gaz hilarant" ou tout simplement "proto", le protoxyde d'azote est de plus en plus populaire chez les adolescents. Comme le rappelle le site drogues.gouv.fr, ce produit est initialement commercialisé de manière "alimentaire", vendu sous la forme de cartouches pour les siphons de chantilly par exemple, mais aussi pour un usage médical. Depuis, cette utilisation a été détournée et "cracké" dans un ballon, ce gaz peut être inhalé et provoquer un rapide effet euphorisant ainsi que des distorsions sensorielles.
Selon l'Anses (Agence Nationale Sécurité Sanitaire Alimentaire Nationale), les signalements dans les centres d'addictologie sont en très nette hausse: de 47 en 2019 à 254 en 2020. Dans un article consacré au protoxyde d'azote, l'Anses confirme que cette augmentation concerne "un public jeune."
"Des intoxications qui concernent toujours en majorité de jeunes adultes (21-22 ans en moyenne) mais aussi une hausse de la proportion des mineurs", apprend-on.
Addiction et séquelles physiques
Selon l'Anses, la consommation de protoxyde d'azote peut également entraîner des effets d'addiction, alors que les cas de pharmacodépendance sont eux-aussi en augmentation. Des faits confirmée auprès de BFMTV par le docteur Dan Velea, psychiatre et addictologue.
"Quand on parle d’addiction, surtout dans le cadre du protoxyde d’azote, c’est quand les gens se disent ‘j’ai fait une fois de temps en temps dans une fête’, mais qu'après ils se disent 'faut qu’on prévoie la fête, qu’on achète les cartouches.' Automatiquement, ça veut dire qu’il y a une escalade dans la recherche du produit", détaille-t-il. A date, on estime que 72% des utilisateurs de gaz hilarant en sont dépendants où l'utilisent de manière excessive.
En ce qui concerne les séquelles physiques, elles sont également nombreuses précisent les professionnels de santé.
"Parfois c’est réversible, mais malheureusement lorsque les troubles sont sévères, on a des lésions irréversibles du système nerveux, des atteintes de la motricité, des mains, des pieds, des troubles sensitifs qui peuvent être relativement importants. Effectivement c’est important", explique sur BFMTV le docteur Patrick Vermersch, professeur en neurologie à l’Université de Lille.
L'Anses souligne également l'existence de troubles psychiatriques dont des attaques de panique, délires ou encore amnésies.
Saisies
Afin de lutter contre ce fléau, plusieurs garde-fous judiciaires ont été mis en place dont la loi n° 2021-695 du 1er juin 2021 qui prévoit "l'interdiction de vendre ou d'offrir du protoxyde d’azote aux mineurs, quel que soit le conditionnement, dans tous les commerces."
Le problème est d'ailleurs pris au sérieux par les pouvoirs publics. En début d'année, une saisie record de sept tonnes de gaz encapsulé a été faite en Seine-et-Marne et deux personnes avaient été mises en examen. Cette saisie, la plus importante à ce jour en France, représentait une valeur de 2,75 millions d'euros. Ces derniers jours, 1500 bombonnes avaient été découvertes dans un box de Tourcoing.