Garches: la fermeture de l'unité du cancer de l'enfant examinée par le TGI

L'hôpital Raymond-Poincaré de Garches, dans les Hauts-de-Seine, où se trouve l'unité d'oncologie pédiatrique. - -
La justice est leur dernier espoir. Ce jeudi matin, le tribunal de grande instance de Paris a examiné la demande de parents d'enfants cancéreux hospitalisés à Garches. Ils s'opposent à la fermeture de l'unité d'oncologie pédiatrique de cet hôpital des Hauts-de-Seine, confirmée dans la matinée par la ministre de la Santé Marisol Touraine.
Ce qui a entraîné sa fermeture? L'approche de sa chef de service, la pédiatre et cancérologue Nicole Delépine, jugée "controversée" par l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris. Ce médecin refuse en effet les molécules innovantes, qui induisent des essais cliniques sur les jeunes patients. Le traitement qu'elle dispense à Garches, développé il y a trente ans aux Etats-Unis, se fonde essentiellement sur une molécule, le méthotrexate.
Un refus des essais cliniques
De ce fait, elle s'est récemment opposée au dernier plan de lutte contre le cancer, annoncé en février, qui prévoit de "doubler en cinq ans le nombre d'essais cliniques". "Mes confrères (...) testent sur le patient de nouveaux produits développés par les laboratoires et de nouvelles combinaisons, plutôt que d'utiliser des traitements déjà reconnus comme efficaces", a-t-elle alors dénoncé.
Le service d'oncologie bénéficiait d'une autorisation d'exercer de cinq ans à compter de juillet 2009; celui-ci expirait le 21 août 2014. L'AP-HP a décidé de ne pas la renouveler et programmé sa fermeture après le départ à la retraite de Nicole Delépine, prévu ce 18 juillet.
Dès cette annonce, les parents d'enfants soignés à Garches se sont lancés dans "un combat acharné" pour empêcher la fermeture. Quatre d'entre eux dont Lisbeth, 57 ans, ont entamé une grève de la faim le 26 juin. "Nous irons jusqu'au bout", a affirmé cette aide-soignante, dont le fils a été soigné à Garches de 2008 à 2010 pour un cancer des os.
Combat "pour la liberté thérapeutique"
Ce jeudi, plusieurs dizaines de patients et leurs proches ont assisté au débats. Lisbeth se trouvait parmi eux. "Nous nous battons pour la liberté thérapeutique de nos enfants et de tous les jeunes malades de demain", a-t-elle expliqué. Les responsables de l'AP-HP présents à l'audience, eux, n'ont pas souhaité s'exprimer.
En parallèle, des proches de patients ont déposé un recours devant le tribunal administratif de Paris. "Mais il ne statuera pas avant deux ans", a précisé Me Emmanuel Ludot, avocat de l'association Ametist, qui regroupent des parents d'enfants malades. "On ne rouvrira pas le service à ce moment-là..."
Les défenseurs de l'unité de Garches sont donc suspendus la décision du tribunal de grande instance, le 24 juillet prochain.