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Santé

Fin de vie: le rapport va trop loin pour certains, pas assez pour d'autres

Manifestation à Paris à l'appel de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité.

Manifestation à Paris à l'appel de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité. - Stephane de Sakutin - AFP

Le rapport présenté ce vendredi sur la fin de vie ne fait pas que des heureux, loin de là. L'Eglise est soulagée, les associations très divisées, tandis que les partis politiques PRG et EELV appellent à aller plus loin.

Les députés Jean Leonetti (UMP) et Alain Claeys (PS) ont remis vendredi à François Hollande des propositions sur la fin de vie prévoyant d'instaurer un droit nouveau "à une sédation profonde et continue", qui permet à des malades en phase terminale d'être endormis jusqu'à leur décès. Ces propositions ont suscité des réactions très contrastées. Le président de la République a promis qu'un débat parlementaire sans vote, sur cette question sensible et polémique, serait organisé dès janvier, lors de la remise d'une proposition de loi.

"Une euthanasie masquée"

L'Eglise catholique s'est montrée soulagée de ce que les propositions "n'entrent pas dans l'euthanasie ou le suicide assisté", a déclaré l'archevêque de Rennes, Mgr Pierre d'Ornellas.

Parmi les associations anti-euthanasie, le mouvement "Soulager mais pas tuer" critique plus sévèrement le recours à cette "sédation terminale jusqu'à la mort" qui "s'apparente à une euthanasie masquée". Tugdual Derville, son porte-parole - également porte-parole de La Manif pour tous - , a estimé que la proposition introduisait un "risque de tour de passe-passe" entre soulagement profond et mort.

Une "rustine" la loi existante

La principale association pro-euthanasie française, l'ADMD (Association pour le droit à mourir dans la dignité), critique également la proposition mais parce qu'elle ne va pas suffisamment loin vers l'euthanasie et ne fait que "mettre des rustines" à la loi Leonetti "qui ne marche pas". "C'est encore une loi faite par les médecins pour les médecins", a critiqué Jean-Luc Romero, président de l'ADMD et élu apparenté socialiste, qui se dit "plus que déçu, en colère".

Des militants de cette association se sont rassemblés vendredi après-midi près de l'Assemblée nationale pour protester contre cette "loi Leonetti de gauche" qui fera "mourir de faim et de soif les patients arrivés en fin de vie". L'administration d'une sédation profonde terminale serait en effet accompagnée de l'arrêt de l'alimentation et de l'hydratation pour ces malades en phase terminale.

Le Parti radical de gauche (PRG) a lui aussi déploré des conclusions "timorées", réclamant que le gouvernement "légalise clairement l'aide médicale à mourir, sous conditions strictes". Les députés écologistes ont eux salué des "avancées utiles", tout en appelant à aller plus loin, notamment sur le "suicide assisté".

Les professionnels satisfaits

Le monde des soins palliatifs est en revanche satisfait des propositions formulées. La Société française d'accompagnement et de soins palliatifs (SFAP) "se félicite des propositions" qui "répondent directement aux inquiétudes en sécurisant et améliorant concrètement la prise en charge des personnes en fin de vie". En particulier, la SFAP apprécie le "renforcement" des directives anticipées dans lesquelles chacun peut stipuler son refus de l'acharnement thérapeutique pour la fin de sa vie. 

Gérard Larcher, le président UMP du Sénat, a salué "un juste équilibre entre l'autorisation de la sédation terminale et le refus de la légalisation de l'euthanasie". Le débat de janvier sera suivi de "la présentation d'une proposition" de loi et du vote d'un texte à une date non encore fixée. 

A. D. avec AFP