Faut-il "préserver la santé des anciens" au "détriment" des plus jeunes? Delfraissy s'interroge

Malgré ses préconisations dures, Jean-François Delfraissy déclare en avoir "assez", comme tous les Français, des restrictions imposées en raison de l'épidémie de Covid-19. Lors d'une audition à distance par un ensemble de députés et de sénateurs ce jeudi, le président du Conseil scientifique a abordé plusieurs sujets liés à la crise avec une certaine franchise, notamment la question de la préservation de nos aînés.
"Un jeune étudiant qui est en première année, qui n'a jamais vu ses potes, un plus jeune qui n'arrive pas à trouver de boulot, (...) de petite amie, le Conseil scientifique sur sa dimension humaine et sociale en a pleinement conscience", a-t-il assuré.
Et l'immunologue de s'interroger sur la "balance" difficile à effectuer entre un "tout sanitaire", choix qui a été fait jusqu'à maintenant, à savoir "protéger les personnes les plus fragiles et les plus anciennes", et une vision "qui permet aussi d'avoir une France qui vit".
Question "générationnelle"
Critiqué pour ses déclarations apparemment contradictoires sur le niveau d'urgence dans lequel se trouve actuellement le pays, le professeur Delfraissy continue de penser que les Français n'ont pas envie "d'avoir des images difficiles de trop de décès". Poussé dans ses "retranchements" néanmoins, le président du Conseil scientifique a fait l'aveu suivant:
"Je pense que nous sommes véritablement avec une question un peu sociétale et éthique, (...) de politique générationnelle, entre continuer à préserver la santé des plus anciens, mais peut-être au détriment de la santé des plus jeunes."
Jean-François Delfraissy a conclu son propos en affirmant qu'il s'agissait là d'une question à laquelle son Conseil était "très sensible".