Exploits sportifs: Sarah Hebert, une aventurière au cœur d'acier

Sarah Hebert, en septembre 2013, lors de son expédition en Amazonie. - -
Le regard bleu acier, Sarah Hebert déborde d'énergie, le sourire aux lèvres. A bientôt 29 ans, cette sportive de haut niveau vient de publier un véritable récit d'aventures (1), où elle raconte avec simplicité sa traversée de l'Atlantique, seule sur sa planche à voile. Un exploit sportif qu'elle n'aurait sans doute pas pu accomplir sans les progrès de la médecine: depuis l'âge de 22 ans, Sarah porte un défibrillateur interne, qui entoure son cœur.
Un boîtier "de la taille d'un téléphone portable", prêt à déclencher un choc électrique en cas d'arrêt cardiaque. "J'ai une ambulance en permanence sur moi, qui me permet de vivre ma vie à 100%: je sais que même si je suis au fin fond de l'Amazonie, cet appareil me sauvera la vie." L'arrêt cardiaque, elle n'en a pourtant jamais eu. Mais un test médical passé dans le cadre de ses exploits sportifs détecte un jour une anomalie. Le verdict tombe: à cause d'un dérèglement chimique, son cœur s'emballe en cas de stress ou d'effort, et menace de s'arrêter brutalement.
"Je n'y croyais pas, j'étais abasourdie! Je me sentais en excellente forme, comme aujourd'hui!", raconte-t-elle. Preuve, s'il en fallait, que les problèmes cardiaques ne concernent pas "que les hommes âgés qui ont de l'embonpoint, mais aussi des femmes, et des jeunes. J'en ai rencontré beaucoup à travers l'association Apodec (2)." Deux mois après l'implantation du défibrillateur, Sarah remporte le championnat d'Europe de windsurf. L'année suivante, elle devient vice-championne du monde. Est-elle une "superwoman"? "Pas du tout", éclate de rire la jeune femme. "Je suis juste convaincue qu'avec de la passion et de la détermination, on peut mener à bout ses projets". D'où le titre de son ouvrage: "Avec le cœur, tout est possible".
L'échec, une notion relative
La navigatrice, amoureuse du large et fascinée par les abysses, revient notamment sur un épisode de sa traversée: sa fin brutale, décidée après douze jours de navigation, sans avoir atteint l'objectif final de la Guadeloupe. "Un matin, sur la planche, j'ai commencé à perdre connaissance, et là j'ai compris que j'atteignais pour la première fois mes limites physiques et mentales. J'ai mis fin au projet. Et pourtant, j'estime que je l'ai réussi. Si ce n'est le défi sportif, j'ai atteint de nombreux autres objectifs, et j'ai donné de l'espoir aux gens."
Une philosophie qui ne lui ait pas apparu de manière évidente. "Sur le coup, je me disais que j'avais tout raté. Les gens me félicitaient, et je ne comprenais pas pourquoi. Un jour, ça m'a frappé: oui, j'avais réussi à convaincre une équipe de me suivre en catamaran sur cette aventure, oui j'avais vécu des moments intenses, comme ce jour où une baleine est sortie de l'eau à 100 mètres de moi, oui je suis devenue une source d'encouragement pour tous les porteurs de défibrillateurs. J'ai réussi."
Une soif inextinguible d'aventures
Dans ce livre, elle ne fait pas que raconter son exploit sportif au large. Hugues Marchat, spécialiste de la gestion de projets, a co-écrit l'ouvrage avec elle, et livre des clés pour aider les gens à entreprendre et réussir, à travers des fiches très concrètes rythmant le récit.
Aujourd'hui, Sarah Hébert n'a pas réussi à étancher sa soif d'aventures. Elle revient d'une expédition en Amazonie, au Brésil où elle est allée avec un autre sportif, natif des lieux, à la rencontre d'un peuple menacé par des projets de barrages, les Munduruku. "J'ai tout de suite noué un lien avec eux à travers l'eau, un élément qu'ils connaissent aussi par cœur", raconte-t-elle. Son objectif? Parler de ces populations menacées, et de la planète, qu'elle entend parcourir encore durant de nombreuses années.
(1) "Avec du cœur, tout est possible", Editions Eyrolles, 18 euros
(2) L'Apopec est une association qui rassemble des porteurs de défibrillateurs cardiaques