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Santé

Et si le tabagisme passif n’était pas si nocif ?

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Les risques du tabagisme passif auraient été exagérés, à en croire le pneumologue Philippe Even. Mais d'autres médecins réaffirment sa nocivité avérée. Donnez votre avis !

Le tabagisme passif ne serait pas si nocif… « On a créé de toutes pièces une peur qui ne repose sur rien », a lancé lundi, en pleine Journée mondiale sans tabac, le pneumologue à la retraite, Philippe Even. 40% des études scientifiques « concluent à une absence totale de nocivité du tabagisme passif sur la santé », affirme le président de l'Institut de recherche Necker, ajoutant : « les 60% restantes estiment que le risque de cancer est multiplié par 0,02 pour la plus optimiste, et par 0,15 pour la plus pessimiste... contre un risque multiplié par 10 ou 20 pour le tabagisme actif ». Fumeur actif ou passif, donnez votre avis sur cette polémique, dans le forum ci-dessous !

« On a un peu exagéré les chiffres, mais… »

Des propos que regrettent d'autres spécialistes, qui craignent que cela décrédibilise le travail des scientifiques et nuise à la lutte contre le tabagisme. De son côté, le Professeur David Khayat se veut nuancé. Invité des Grandes Gueules ce mardi, le Chef du service de cancérologie à la Pitié-Salpêtrière, qui publie Le vrai régime anti-cancer (Ed. Odile Jacob), a expliqué : « Je ne partage pas totalement l'avis de mon confrère. Je pense qu’il existe un vrai effet du tabagisme passif en termes de maladies, à la fois cardio-vasculaires, pneumologiques et cancers. Mais est-ce autant qu’on a pu le craindre à une époque ? Je n’en suis pas sûr, je pense qu’on a un peu exagéré les chiffres. Mais par contre, je peux affirmer qu’il y a bien un impact du tabagisme passif sur la santé. »

« Il y a des morts du tabagisme passif en France »

Le Pr Even conteste également le nombre de morts imputés au tabagisme des autres. Le chiffre de 6.000 décès par an en France avait été cité par le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, lors de la mise en place des mesures d'interdiction de fumer dans les lieux publics. Il s'appuyait sur un rapport européen publié en 2006 qui attribuait 5.900 décès annuels au tabagisme passif en France, mais dont seulement 1.114 chez des non-fumeurs. Un rapport méthodologiquement critiquable, ont concédé ce lundi les spécialistes. « On n'a jamais dit que c'était l'hécatombe, ajoute Bertrand Dautzenberg, pneumologue et président de l'Office français de prévention du tabagisme, mais il y a des morts du tabagisme passif en France, même si les principales victimes du tabac sont incontestablement les fumeurs ».

Pour écouter le podcast complet de l’interview du Pr Khayat, cliquez ici.

La Rédaction