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Essai thérapeutique mortel: de nouvelles failles révélées

La société Biotrial menait l'essai pour le laboratoire Bial.

La société Biotrial menait l'essai pour le laboratoire Bial. - Damien Meyer - AFP

Quatre des patients hospitalisés après avoir participé à l'essai thérapeutique mortel conduit à Rennes ont souffert de lésions cérébrales.

Les révélations s'enchaînent après la mort, début janvier, d'un patient participant à un essai thérapeutique à Rennes mené par le laboratoire Biotrial. Lors des tests précliniques, des chiens, à qui on avait injecté la molécule, sont morts. Quatre des cinq survivants ont également souffert de lésions "à la base du crâne", révèle Le Figaro.

Avant même la conclusion tragique conduisant à la mort d'un patient, des événements auraient dû alerter, selon les experts. Plusieurs chiens étaient décédés après avoir reçu la molécule lors de l'essai préclinique. "Cela peut être un vrai signal d'alerte", estime le Pr Daniele Piomelli, professeur de neurobiologie, citée par Le Figaro.

"Trois chiens morts dans une étude, ça veut tout dire et ne rien dire, tempère sur BFMTV François Peaucelle, directeur de Biotrial. Les conclusions de ces études étaient suffisamment claires et nettes pour qu’il n’y ait pas d’ambiguïtés particulières pour un passage sur l’homme."

Mais au décès des animaux s'ajoute désormais les révélations concernant les lésions cérébrales dont ont été atteints quatre des cinq patients hospitalisés après avoir reçu la molécule testée. Des lésions "à la base du crâne", révèle le directeur de l'Agence national de sécurité du médicament.

"Secret industriel"

Début février, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, avait publié un rapport d'étape de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) qui relève "trois manquements majeurs". Dans la suite du texte, l'agence du médicament, Biotrial, qui menait l'essai, et Bial, concepteur de la molécule sont épargnés. De son côté, la société Biotrial assure n'avoir identifiée "aucune faute".

Une entreprise qui se réjouit que les soupçons se portent sur d'autres acteurs. "Il (le rapport, NDLR) met en cause des essais précliniques qui ne se sont pas déroulés chez nous, dont nous n’avons eu aucune conclusion, précise François Peaucelle. Ça veut dire qu’on commence à s’interroger sur d’autres maillons de la chaîne que Biotrial."

Mais le chemin vers la vérité semble bien long. Fin janvier, le laboratoire portugais Bial dévoilait le protocole de l'essai clinique, réclamé par la communauté scientifique, rapportait Ouest France, pour tenter de lever le voile sur ce drame. Mais l'entreprise avait refusé de divulguer les informations, notamment, sur les essais précliniques. Pour seule défense, la direction a invoqué "le secret industriel".
J.C.