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Enquête après une inversion de médicaments

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PARIS (Reuters) - Des inspecteurs de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) se sont rendus lundi dans l'usine de conditionnement des...

PARIS (Reuters) - Des inspecteurs de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) se sont rendus lundi dans l'usine de conditionnement des laboratoires Teva, à Sens (Yonne), pour tenter de comprendre comment des pilules de somnifère ont pu être mélangées à des diurétiques dans plusieurs lots écoulés en France depuis mars.

Deux lots suspects du diurétique Furosémide Teva 40 mg, de 95.000 boîtes chacun, ont été retirés de la vente vendredi dernier après l'alerte d'une patiente qui disait souffrir d'une somnolence inhabituelle.

Il apparaît qu'après "un problème de conditionnement", certains comprimés de ce diurétique ont pu être remplacés par des comprimés d'un somnifère, le Zopiclone Teva 7,5 mg, appelé également Imovane. Les lots incriminés sont les Y175 et Y176, dont la date de péremption est août 2015.

Une enquête a été ouverte à Marseille après la mort suspecte samedi d'un homme de 92 ans chez lequel les policiers ont retrouvé des boîtes entamées de Furosémide. L'homme aurait succombé à un oedème pulmonaire, qui pourrait être consécutif à l'arrêt du traitement par Furosémide. Une autopsie devait être pratiquée lundi sur le défunt.

Alerté par le décès de Marseille, un retraité de Compiègne a déposé un dossier auprès des laboratoires Teva, leader mondial des médicaments génériques basé en Israël, à la suite du décès de sa mère de 101 ans, à la mi-mai, qui était traitée au Furosémide, rapporte France 3 Picardie.

Teva France a fait savoir qu'il se renseignait sur la provenance des comprimés délivrés à la patiente.

Les deux lots suspects de Furosémide ont été mis en vente en France début mars et début mai 2013.

Le président de Teva Laboratoires France, Erick Roche, estime que le problème, qualifié d'"exceptionnel" par les autorités médicales, ne concerne que quelques centaines de boîtes. Teva déclare n'exclure aucune piste, car les deux médicaments "ont été conditionnés sur des lignes différentes et à plusieurs semaines d'intervalle".

L'inspection de l'ANSM devrait contribuer à déceler l'origine de l'inversion. "Quatre inspecteurs sont sur place à Sens, l'inspection pourrait durer plusieurs jours", a-t-on indiqué à l'agence.

Au nombre des pistes envisagées, un acte de malveillance apparaît "plausible", a déclaré lundi François Chast, chef du service de pharmacie clinique à l'hôpital Cochin-Hôtel Dieu, à Paris.

"Je ne suis pas juge d'instruction, mais on sait que le médicament qui fait dormir et l'antihypertenseur n'ont pas été préparés sur les chaînes de production de Teva d'une manière chronologiquement compatible avec une interversion de lot", a-t-il expliqué sur Europe 1.

"Une instruction est en cours à Marseille pour évaluer les raisons du décès. Il est vraisemblable que ce patient a pris un médicament qui l'a fait dormir alors qu'il pensait prendre quelque chose contre son insuffisance cardiaque. Il est vraisemblable que la précarité de son état de santé a malheureusement été fatale à ce patient", a-t-il ajouté.

Sophie Louet, édité par Patrick Vignal