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Santé

En Lorraine, un homme diagnostiqué Alzheimer par erreur pendant 10 ans

Le centre hospitalier universitaire de Nancy, où a été diagnostiqué le patient (photo d'illustration).

Le centre hospitalier universitaire de Nancy, où a été diagnostiqué le patient (photo d'illustration). - Jean-Christophe Verhaegen

Victime d'un diagnostique erroné, un homme a suivi pendant dix ans un traitement pour Alzheimer. Perte d'emploi et de vie sociale, effets secondaires dus aux médicaments, les conséquences sont terribles. Son avocat va saisir un juge administratif pour déterminer s'il y a eu faute médicale.

Depuis 10 ans, il était soigné pour une maladie qu'il n'avait pas. Un quinquagénaire a été diagnostiqué atteint d'Alzheimer en 2004 par le CHU de Nancy. Mais c'est un tout autre trouble qu'il avait.

"Ce qui est dramatique c'est qu'un homme a été soigné pendant dix ans pour Alzheimer, avec toutes les conséquences socio-professionnelles que cela implique (...). Il a perdu dix ans de sa vie, dix ans d'angoisse" a estimé son avocat Me Jean-Christophe Duchet.

Déclaré inapte après ce diagnostic, l'homme perd son travail, vit reclus chez lui, consomme une quantité de médicaments avec des effets secondaires redoutables: "Etat dépressif, vomissements, nausées, problèmes de mémoire..." a énuméré l'avocat. En réalité il souffrait simplement de troubles cognitifs "probablement liés à un ancien traumatisme crânien", a-t-il affirmé.

"Je l'ai ressenti comme une catastrophe"

"Avoir Alzheimer lorsqu'on n'a qu'une quarantaine d'années (...), je l'ai ressenti comme une catastrophe. Je me suis dit qu'il fallait faire quelque chose pour ne pas être un légume ni un poids. Mais je n'en ai pas eu le courage", a confié cet homme sous couvert de l'anonymat au Républicain Lorrain, qui a révélé l'affaire samedi. "La question maintenant c'est de savoir si cette erreur de diagnostic était admissible ou pas", explique Me Duchet, qui va prochainement saisir un juge administratif pour solliciter une expertise judiciaire devant déterminer s'il y a eu faute médicale ou non.

A la suite d'une procédure de conciliation avec le CHU de Nancy, l'hôpital a expliqué qu'"en l'état des connaissances en 2004 on ne pouvait pas faire autrement que de poser le diagnostic d'Alzheimer" a rapporté Me Duchet. Pourtant "en dix ans les données médicales ont considérablement évolué sur cette maladie", a-t-il pointé, s'étonnant que sur toute cette période le diagnostic n'avait pas été remis en cause alors que l'état du patient ne s'aggravait pas.

A. Dt avec AFP