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Santé

Écarter les "pseudo-guérisseurs": un guide des soins sans médicaments validés par la science publié

Dans le cadre du parcours de soins des patients atteints d'une affection de longue durée, le médecin traitant peut prescrire une activité physique adaptée à la pathologie.

Dans le cadre du parcours de soins des patients atteints d'une affection de longue durée, le médecin traitant peut prescrire une activité physique adaptée à la pathologie. - iStock - alvarez

La Non-Pharmacological Intervention Society propose depuis mi-octobre un référentiel des interventions non médicamenteuses validées par la science. L'objectif est de distinguer quelles techniques complémentaires d'un traitement médicamenteux ou chirurgical sont réellement efficaces dans un contexte de multiplication des "abus".

La Non-Pharmacological Intervention Society (NPIS), une société savante internationale basée à Paris, a lancé mi-octobre un référentiel des "interventions non médicamenteuses" pour faire le point sur les pratiques validées par la science qui peuvent venir en complément de méthodes plus classiques.

Le président de la NPIS, Grégory Ninot, explique ce jeudi 12 décembre au Parisien qu'il s'agit d'"impulser un cercle vertueux", dans un contexte où "beaucoup de gens font des amalgames en disant que tout 'fait du bien', alors qu’il y a beaucoup d’abus et d’emprises".

Concrètement, ce référentiel recense les "protocoles de soin fondés sur la science, c'est-à-dire pour lesquels il y a des données attestant d'une efficacité et d'une sûreté", mais qui n'impliquent pas de médicaments ou de chirurgie, selon le chercheur.

On peut par exemple y trouver, en psychologie, la thérapie-cognito comportementale pour les personnes souffrant d'insomnies après l'annonce d'un cancer ou le programme Otago, un programme de renforcement musculaire qui a pour but de réduire le risque de chute chez les personnes âgées.

Un catalogue qui doit être progressivement étoffé

Pour l'instant, le site du référentiel ne propose que 11 solutions non médicamenteuses à divers problèmes de santé. Mais "l'ambition est que cette bibliothèque couvre tous les problèmes de santé selon un process d'expertise rigoureux en accord avec les recommandations générales de santé publique et les recommandations internationales des sociétés savantes en santé", affirme Grégory Ninot au Parisien.

Comment soigner sans médicament
Comment soigner sans médicament
17:48

Ce catalogue est notamment soutenu financièrement par la Ligue contre le Cancer. Le président de l'association, Philippe Bergerot, déclarait dans un communiqué en octobre que "les soins de support permettent d’améliorer la qualité de vie des patients, de diminuer les séquelles et d’augmenter l’espérance de vie".

Il prenait comme exemple "l'activité physique adaptée", qui "diminue la fatigue et améliore la survie, à condition de prescription dans un cadre rigoureux et sécurisé".

Écarter les "pseudo-guérisseurs"

Un accès à l'information sur les pratiques validées donc, mais aussi un moyen de les distinguer de celles dont l'efficacité n'est pas prouvée. "Nous avons identifié 230 métiers hors du Code de santé publique: sophrologue, guérisseur, coupeur de feu, etc. Plus globalement, les soins de support, cela devient le fait d’aller à la messe, de faire des jeux de société avec des amis, d’avoir un soin esthétique du visage, etc. Tout devient soin! On perd totalement notre latin dans notre façon de voir les choses", déplore Grégory Ninot.

Une évolution qui peut avoir de lourdes conséquences. Dans son rapport d'activité de 2021, la Miviludes alertait aussi sur "la multiplication des pseudo-guérisseurs" qui peuvent parfois verser dans les dérives sectaires, avec un risque de perte de chance... Elle recommandait une vigilance face à tout praticien qui "dénigre la médecine conventionnelle et les traitements qu’elle propose", incite le patient à arrêter son traitement, lui promet une guérison "miracle" et assure "qu'il est le seul à pouvoir" le soigner.

Sophie Cazaux