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Comment le Covid-19 a aggravé les dérives sectaires dans le domaine de la santé et du bien-être

En 2020, la Miviludes a reçu 3008 signalements sur des dérives sectaires.

En 2020, la Miviludes a reçu 3008 signalements sur des dérives sectaires. - Safin Hamed - AFP

Le contexte anxiogène de la crise sanitaire et l'isolement ont participé au développement de pseudo-thérapies et de médecines alternatives pouvant être assimilées à des dérives sectaires.

Des jeûnes extrêmes aux stages survivalistes en passant par le crudivorisme... De plus en plus de pratiques liées à la santé et au bien-être s'apparentent à des dérives sectaires. Les signalements dans ce domaine "ne cessent d'augmenter", observe un rapport d'étude menée par les services de police et de gendarmerie en collaboration avec la Miviludes et diligentée par la ministre déléguée à la Citoyenneté.

En 2020, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a reçu 3008 signalements, dont 38% sont liés à des pseudo-thérapies et à des médecines alternatives pouvant comporter des risques. Un phénomène qui semble avoir pris de l'ampleur avec l'apparition du Covid-19, des confinements et du contexte anxiogène qui en découle, susceptibles de fragiliser et de destabiliser les individus.

80 signalements en lien avec la crise sanitaire en 4 mois

"La Miviludes observe déjà une augmentation de ses saisines par rapport à 2019 et a reçu 80 signalements en lien direct avec la crise sanitaire entre mars et juin 2020", indique la note remise au gouvernement et consultée par BFMTV.com.

Parmi les tendances qui inquiètent particulièrement les autorités, on compte les stages de jeûnes extrêmes. Certains leaders de cette doctrine ont la prétention d'apprendre à vivre sans se nourrir d'aliments classiques, mais plutôt d'air et de rayons cosmiques - une pratique plus connue sous le nom de "respirianisme". Or, cette mouvance, formalisée par l’australienne Ellen Greve, représente "un réel danger pour la santé" et a déjà entraîné une dizaine de décès à l’étranger.

"Ces douze derniers mois, elle a fait l'objet de trois signalements en France", indique le rapport.

Dans un autre registre, Thierry Casasnovas promeut le crudivorisme. Moins radical que le "respirianisme", ce courant - qui propose de consommer uniquement des aliments crus - n'en est pas moins dangereux. Sa pensée, alimentée par des théories complotistes, a bénéficié d'un regain de popularité avec la crise sanitaire. Si Thierry Casasnovas a ainsi réussi à gonfler son nombre d'abonnés sur Youtube (523.000 personnes le suivent), il a également fait augmenter - cette fois-ci involontairement - les signalements à son encontre.

"Plus de 600 saisines ont été enregistrées à son encontre, dont 70 en 2020. Une enquête a été ouverte pour mise en danger de la vie d'autrui", est-il précisé dans la note.

"Discours simplistes et autoritaires"

D'autres, comme Jean-Jacques Crevecoeur, "utilisent la pandémie mondiale pour dénoncer un complot de la 5G qui serait à l'origine de l'apparition du virus. Lors de la grippe H1N1, il s'était déjà prononcé comme farouchement anti-vaccin, et pousse aujourd'hui ses adeptes à refuser la vaccination contre le Covid".

Outre le domaine de la santé, l'apparition de la crise sanitaire semble également avoir accru les courants de pensées apocalyptiques "qui voient dans la pandémie un signe et une confirmation de l’éminence de la fin des temps". Une autre source d'inquiétude pour la Miviludes qui entrevoit déjà les signalements à venir sur cette mouvance aux "discours simplistes et autoritaires".

Ambre Lepoivre Journaliste BFMTV